Rapport annuel de la présidence 1964-1965

Augustin LOMBARD, président
27 novembre 1965

 

 Mesdames et Messieurs,

J’ouvre la 77e assemblée générale de notre Société et salue nos membres, venus nombreux, les invités et les autorités qui ont bien voulu nous honorer de leur présence.
Cherchant à être bref votre président vous doit cependant un compte rendu de l’activité du comité et de la marche de la Société.

Nous déplorons le décès de plusieurs membres. Ce sont: M. Elkanan Aberson, M. Edmond Boissonnas, M. Maurice Braillard, professeur Emile Briner, M. André Firmenich, Ie professeur Paul Geisendorf, M. Walter Haccius, ancien vériflcateur des comptes, Mme Fr. Pfaeffii, Dr Aron Starobinski, Mlle Marcelle Vallette, Mme Georges Werner.
Que les parents et amis de ces membres veuillent agréer l’expression de notre sympathie.

De nouveaux membres se sont inscrits et notre trésorier vous en donnera les noms tout à l’heure. Notre effort de recrutement a débuté il y a deux ans et se poursuivra encore cette année. Un nouvel appel est en préparation.

Notre activité ne s’est pas bornée à cette seule répartition des allocations. Nous avons examiné maints problèmes touchant au présent et à l’avenir de l’Université, cherchant à situer les demandes de subsides dans leur cadre actuel.
Nous avons suivi le développement de la station botanique de la Linnaea, l’emploi du solde du Fonds George Lemaître pour la physique, celui du Fonds Victor Martin pour la papyrologie, la création du Fonds du Dr Pierre Fernex d’un montant de Fr. 100.000.- pour développer les recherches sur le cancer.
Je réitère ici nos sincères remerciements aux parents du Dr Pierre Fernex pour leur générosité, Un règlement d’emploi du Fonds a été élaboré. Il assurera l’utilisation des revenus au plus près des intentions des donateurs.

Les enfants de M. Guillaume Fatio nous ont confié la somme de Fr. 100.000.- pour aménager une grande partie de la Maison Rigot à Varembé. Ce don permettra d’accueillir des savants étrangers. Ainsi se prolongera la belle tradition d’échanges culturels qu’a inspiré notre éminent concitoyen et que sa famille désire perpétuer. Que les enfants de M. Guillaume Fatio agréent l’expression de nos très vifs remerciements pour nous avoir associés à leur geste. Le 23 octobre 1965, une cérémonie a marqué l’inauguration de la Maison. Dans son allocution, M. le Secrétaire général Bernard Ducret a précisé les buts de ce que sera ce Centre culturel international de l’Université. Avec une grande largeur de vue, il relève le besoin actuel qui se fait sentir dans le monde, d’établir une communauté internationale. Une telle aspiration doit se concrétiser par des contacts, des dialogues authentiques et des rapprochements. La Maison Rigot répond à ce besoin en créant un lieu d’accueil, une plateforme de réunions, un centre de documentation et de colloques culturels et artistiques.

Ces projets ne se réaliseront que dans la mesure où de nouveaux dons s’ajouteront à ce qui vient d’être fait. L’Université a des projets dignes de sa réputation et de sa tradition. Il lui faut un support matériel pour compléter ce que l’Etat d’abord, puis une initiative privée ont entrepris. Je vous adresse un appel direct et pressant pour nous aider dans la tâche qui s’avère nécessaire et féconde. Chacun de vous est invité d’ailleurs après la conférence à se rendre à Sécheron pour visiter les locaux nouvellement ouverts. Je remercie l’Université qui nous ouvre ses portes ce soir.

A ces deux dons généreux s’en ajoutent d’autres. MM. Pierre Lacroix et Jean-Pierre Leclerc, exécuteurs testamentaires de feu Mme Berthe Bonna, nous ont informés que cette dernière avait légué à notre Société, en souvenir de son père, le Dr Eugène Rapin, une somme d’environ un million de francs, destinée à Ia création d’un nouveau fonds spécial, le « Fonds Dr Eugène Rapin ».
Les revenus de celui-ci devront être utilisés en faveur de la Faculté de Médecine pour faciliter certaines recherches et développer certains Services de laboratoires.

Je tiens à exprimer ici notre vive reconnaissance pour le geste si généreux de Mme Bonna à l’égard de notre Société.
Mlle Anne Torcapel a fait don d’une somme de Fr.4264,- à notre Société en souvenir de son père M. John Torcapel, professeur à l’Ecole d’Architecture.
L’Association des Intérêts de Genève nous a remis Fr. 4000,- pour permettre de faire venir à l’Université des professeurs éminents. Notre gratitude s’exprime à cette importante organisation genevoise.

La Société générale pour l’Industrie nous a donné Fr. 500,- à titre de don annuel renouvelable l’an prochain. Nous lui adressons nos remerciements pour f intérêt qu’elle porte à notre activité.
C’est également avec gratitude que nous nous adressons à M. Ernest Martin pour son don de Fr.1000.- en souvenir de son père et à l’hoirie de M. Victor Gautier pour un legs de Fr. 5000,-.

Je remercie le comité pour l’appui constant qu’il m’a assuré pendant cet exercice et je m’adresse particulièrement à M. J.-J. Gautier, trésorier, ainsi qu’à Mme G. Martin, secrétaire.

Mon rapport se doit, pour être complet de considérer brièvement la situation de l’Université en face de ses problèmes. Je me garderai de juger, de louer ou de critiquer. D’autres s’en chargent tous les jours avec plus ou moins de talent et de compétence.
Le trait marquant de cette dernière année est l’entrée de l’Université dans la vie publique. L’opinion du citoyen et des partis politiques réalise l’importance de notre Haute Ecole dans sa vie collective, combien sa tâche est indispensable, mais coûteuse et exigeante en place.
Cette entrée en scène s’est faite dans un climat pénible de critiques, de suggestions contradictoires et de déceptions.
Que faire, dans cette atmosphère pour transformer ces voix discordantes et cette crise de croissance en une évolution sinon harmonieuse, du moins coordonnée ?
Trois pôles d’activité agissent sur l’orientation future de la situation universitaire. Ce sont : les autorités (Grand Conseil, Conseil d’Etat), l’Université et l’opinion publique.

Une première condition de travail fécond entre ces trois éléments repose sur une meilleure information réciproque. Les autres en découlent : organisation, locaux, personnel, financement, planning, priorités.
Combien d’obstacles s’atténueront lorsqu’on saura nettement que du côté des autorités, l’effort porté sur l’Université est en priorité sur les autres postes de grands travaux que les possibilités financières sont limitées, qu’un coordinateur est au travail pour le planning des problèmes universitaires. Le résultat est tel que dans plusieurs domaines, le rythme d’extension a dépassé celui prévu par l’enquête Labarthe. Il est bon d’établir ce bilan positif, en face des insuffisances reprochées aux uns et aux autres.
Il faut également savoir l’effort accompli du côté de l’Université. La nouvelle organisation du Rectorat est en place, celle du secrétaire général aussi. La Commission administrative fonctionne, le Conseil Académique également. Des commissions de prospective sont au travail – et quel travail – pour inventorier et prévoir les besoins des Facultés. Le problème de la coordination sur le plan romand est non seulement à l’étude mais en voie de réalisation chaque fois que c’est possible.

Quant à l’opinion publique, son information est imparfaite. On doit arriver à ce qu’elle collabore de manière positive plutôt que de rester sur une position encore trop critique et souvent malveillante. J’en veux pour preuve une certaine attitude « vigilante », le refus de centimes additionnels et surtout les insinuations d’ordre politique à propos du cortège des étudiants.
Mais me voici engagé sur le terrain mouvant de la vie politique de la Cité et je regrette presque cette incursion quasi inévitable. Je voulais démontrer qu’une meilleure information réciproque est à la base de programmes constructifs.

Un dernier sujet me ramène toutefois dans l’optique objective de la Société Académique. C’est l’extension de l’Université vers le Museum d’Histoire Naturelle. Je vous rappelle que notre Société a été à l’origine de ce projet. Elle a mandaté en son temps M. l’architecte Peyrot pour une première étude afin d’aider le gouvernement dans l’élaboration des travaux, Plus tard, un second architecte, M. E. Martin, fut chargé de reprendre les projets sur de nouvelles directives. Ici encore la Société Académique prit l’étude à sa charge.

Nous avons ainsi le droit de prier les autorités de ne pas faire durer cette période transitoire de déménagement. Que le nouveau Conseil d’Etat reprenne en charge ce qu’a préparé l’ancien. Qu’il veuille presser le Grand Conseil de voter le crédit, car les plans sont prêts, aussi bien pour l’ancien Museum que pour l’« Uni II » au Bâtiment électoral. Nous le demandons avec toute la déférence voulue, mais très fermement.

Mesdames, Messieurs, vous avez vu par ce qui précède, quelle fut l’activité de votre Comité au cours de cet exercice. Nos moyens se sont cependant accrus au cours de ces dernières années et c’est sur une note optimiste que j’envisage notre tâche avec confiance, sûr de contribuer efficacement au développement de notre Haute Ecole.

 

Le président donne ensuite la parole au conférencier, M. André Leroi-Gourhan, professeur à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Paris, Directeur de l’Institut d’ethnologie de l’Université de Paris.
Le titre de sa conférence est : Recherches sur l’organisation des sociétés préhistoriques.