Rapport annuel de la présidence 1929-1930
Ch.-F. PFAEFFLI, président
23 novembre 1930
Mesdames, Messieurs,
Lors de la dernière assemblée générale, nous commencions notre rapport par une note
optimiste sur la situation financière de la Société académique. C’est une grande satisfaction pour nous de vous apporter aujourd’hui, malgré une grave et longue période de troubles économiques, de semblables assurances.
Nous voudrions que cette déclaration pût s’appliquer à tout ce qui motive notre réunion de ce jour.
Mais la vie de notre société est, hélas, soumise aux mêmes lois que celles de l’humanité.
Si la trame de son existence est surtout tissée d’événements heureux; si, dès sa naissance, elle eut le privilège d’une prospérité matérielle ininterrompue, le glas des heures douloureuses sonne cependant pour elle. Cette année encore, elle a subi de cruelles séparations. Plusieurs des siens l’ont quittée qui appartenaient à cette maison qu’ils ont servie avec éclat et dévouement. Ce sont : le professeur Oscar Beuttner, les professeurs honoraires Adrien Naville, Paul Oltramare et Charles Seitz, Adolphe d’Espine, ancien recteur.
A ces départs s’ajoutent ceux de trois de nos membres, liés à notre œuvre par un vif attachement : MM. Jaques Marion et Emile Pfaeffli, en souvenir desquels nous avons reçu des dons ; Mme Agénor Boissier, dont le nom, synonyme de générosité, est rappelé par l’un des fonds que nous gérons. Dans cette minute de recueillement, au moment où résonnent dans cette enceinte les noms des disparus, vers lesquels s’élèvent nos pensées émues d’adieu, joignons à leur mémoire celle de Mlle Henriette-Anne Jaquemet. S’inspirant de l’exemple suivi par tant de Genevoises, elle a fait une place à la Société académique parmi ses héritiers.
Si nous avons eut le plaisir cette année, comme précédemment, de recevoir un don de l’un de nos sociétaires, M. Jules Pallard, il s’en faut que les adhésions recueillies égalent par leur nombre celles de l’an dernier. Nous déplorons que tant de nos concitoyens esquivent notre porte. Aucune propagande ne devrait être nécessaire pour qu’en particulier s’inscrivent sur nos listes les noms de ceux qui doivent à l’Université leur carrière et leur situation. Le regret qu’expriment ces réflexions marque le prix que nous attachons au geste de Mlle Marie Gautier, de MM. Rodolphe Bieler, Adrien Lachenal, Georges Lenoir, Pierre Revilliod et René Cramer qui s’associent à nous comme membres à vie. Nous leur souhaitons, comme à tous ceux que le laconisme nous empêche de nommer, la plus cordiale bienvenue.
Votre Comité, Mesdames et Messieurs, entretient d’utiles et agréables relations avec de nombreuses institutions ou sociétés dont les voies sont parallèles à celle que nous suivons: Association des anciens étudiants de l’Université, dont le distingué président, M. Edouard Chapuisat, nous invite à partager les réunions, Fédération genevoise des Sociétés savantes, Archives d’Etat, Comité de patronage et Association générale des Etudiants. Mais, comme bien vous le pensez, c’est avec le président du Département de l’Instruction publique, avec le recteur de l’Université que le contact est permanent. Deux années de collaboration plus fréquente que de coutume, à cause des sérieux problèmes à résoudre en commun, nous ont donné la mesure des sentiments bienveillants, du dévouement même que M. le conseiller d’Etat Albert Malche témoigne à la Société académique.
Celle-ci n’oublie point qu’il est venu ici même, il y a quelques mois, la seconder de sa personne. En votre nom, Mesdames et Messieurs, nous lui renouvelons l’expression de la plus vive gratitude, lui disant notre sincère regret de le voir renoncer à une charge qu’il occupe avec un talent et une compétence exceptionnels.
La dureté d’un règlement nous a séparés de M. le recteur Charles Werner, sans rompre les liens de la reconnaissance que nous lui gardons pour nous avoir aidés, avec tant de bonne grâce, à rassembler les dossiers nécessaires à l’élaboration du projet de développement de l’Université. Nous le remercions enfin, ainsi que MM. les doyens, de nous avoir associés, en toute occasion, aux cérémonies universitaires comme aussi à de plus intimes réceptions.
Mesdames et Messieurs,
Ainsi que vous le savez par l’assemblée générale extraordinaire du 17 mai, votre Comité a délibéré, au cours des séances particulièrement nombreuses qu’il a tenues cette année, sur deux objets différents : l’affectation accoutumée des fonds dont vous lui confiez la disposition, et la préparation minutieuse de l’action nouvelle et complémentaire dont la Société académique a pris l’initiative en faveur de l’Université.
Nous pensons bien faire en soumettant tout d’abord à votre approbation la nomenclature des subsides que nous avons distribués depuis la dernière assemblée générale. Nous le ferons en laissant complètement au rapport financier le soin de vous indiquer le montant des allocations et des fonds sur lesquels elles furent prélevées.
Dans la Faculté des sciences, notre contribution la plus importante est allée à l’Institut de prospection.
Celui-ci a reçu, comme témoignage de reconnaissance au professeur Duparc pour les ingénieurs qualifiés qu’il fournit en trop petit nombre au gré des entreprises minières, un certain nombre d’appareils ; broyeurs, concasseurs, cribleurs et berceaux pour Ia séparation et le classement des sables aurifères et diamantifères, telles sont les machines qu’il fallait installer dans ses laboratoires. Leur équipement et leur mise en marche, à l’aide de moteurs, ont été assurés par notre collaboration. Nous avons été particulièrement heureux de la prêter à un institut réputé au dehors comme le meilleur en son genre, et qui ouvre à ceux qui en obtiennent le diplôme un brillant avenir.
En des proportions plus modestes, nous avons contribué à l’établissement du fichier de la bibliothèque de mathématiques et donné à M. le recteur Henri Fehr la possibilité de vêtir d’une reliure protectrice de nombreux ouvrages qui se détérioraient. Puis, grâce à notre aide, l’Institut d’anthropologie s’est adjoint un assistant spécialisé, M. Baehny. Celui-ci se voue au travail de patience, d’exactitude et de savoir qu’exigent le classement et l’étiquetage des abondantes collections réunies par le professeur Eugène Pittard. Du riche butin recueilli, au prix de tant de fatigues et de voyages, sortiront bientôt d’originales publications et naîtront de belles conférences.
C’est, enfin, sur la recommandation du professeur Collet, que nous avons accordé à l’un de ses élèves, M. Jean Romieux, une subvention destinée à l’impression d’une carte des sédiments du lac de Genève levée à bord de l’« Edouard Claparède ». Cette carte paraîtra dans les Archives des sciences physiques et naturelles de notre ville, attestant à Ia fois a valeur de travail de ce jeune chercheur et l’utilité de notre bateau.
A la Faculté des sciences, il convient de joindre le Museum d’histoire naturelle, puisqu’il abrite la collection du « Concilium bibliographicum » offerte en 1903 par notre société à la Bibliothèque publique et universitaire (le fichier monumental – 545.234 fiches à ce jour – comprend la nomenclature de tous les travaux relatifs à la zoologie et à ses branches annexes. Trente-trois mille fiches quelquefois s’accumulent en un an, qu’il faut dépouiller et classer sans retard. Devant un labeur si formidable nous ne pouvions que répondre favorablement à Ia demande de secours du Dr Pierre Revilliod, directeur du Museum.
Sans doute, vous souvenez-vous que, l’an dernier, nous avons doté le laboratoire de phonétique de la Faculté des lettres d’instruments délicats. Encore faut-il savoir les manier ; c’est à quoi M. Edouard Junod, muni de notre viatique, est allé s’initier à Paris auprès de l’un des maîtres de la Sorbonne. C’est aussi dans la grand’ville, à la Bibliothèque nationale, que Mlle Pauline Long, privat-docent, s’est rendue, afin d’établir une liste des œuvres les plus intéressantes de nos compositeurs suisses et de choisir celles d’entre elles qui méritent, par leur valeur souvent insoupçonnée les honneurs de la copie.
Mesdames et Messieurs, une des plus grandes satisfactions qu’éprouve la Société académique est de seconder l’Université dans le développement ou la fondation des enseignements donnés du haut de la chaire. L’appui qu’elle prête à celle-ci, dans ce but, est toujours transformé en un rayonnement, qui s’ajoute à tant d’autres partant d’ici, et dont elle est fière de partager la création. Votre Comité ne s’est donc pas contenté de renouveler les engagements que vous connaissez par le rapport précédent. D’accord avec les doyens de la Faculté de droit et de la Faculté des lettres, il en a contracté de nouveaux.
En étendant sa sollicitude à la chaire de droit civil allemand, il a voulu rendre hommage à un enseignement qui fait retentir au dehors de tentants appels et témoigner, en même temps, au professeur Kadden, combien sont appréciés les efforts bienfaisants du rôIe de liaison qu’il joue entre notre Université et ses sœurs d’Allemagne.
En procurant au professeur Gielly les ressources propres à assembler la documentation historique et iconographique indispensable à son cours d’histoire de l’art, votre Comité a voulu récompenser l’effort désintéressé d’un maître qui double gracieusement les heures consacrées an très nombreux auditoire qu’attirent ses leçons.
Enfin, en s’associant à ceux dont le vœu s’est réalisé par l’agrégation du professeur Guglielmo Ferrero à notre vieille Académie, il a voulu que la Société académique ait à la fois sa part d’honneur dans cet acte et dans l’accueil magnifique que Genève fait à l’illustre historien. Nous saluons avec enthousiasme aujourd’hui l’auteur de la « Grandeur et de la décadence de Rome », le publiciste hors pair dont la clairvoyance démêle, avec une si noble hauteur de vue, les tragiques problèmes qui pèsent par leur mystère sur les peuples inquiets.
Comme à l’ordinaire, Mesdames et Messieurs, les divers domaines de la médecine ont capté notre attention. Là, comme dans 1a Faculté des sciences, nous avons mis sur pied des installations qui permettront d’étendre davantage encore les investigations scientifiques. C’est par un geste spontané, à l’occasion du jubilé d’enseignement du professeur Askanazy, que nous avons pourvu aux aménagements que souhaitait l’Institut pathologique pour son laboratoire de chimie.
Dorénavant, les travaux conduits par son savant directeur sur le problème complexe du cancer, sur le rôle du cuivre dans les cirrhoses hépatiques, pour ne citer que ces recherches, disposeront d’un matériel convenable. Nous avons, en outre, complété l’instrumentation de cet Institut par l’acquisition de quelques microtomes et d’un appareil à mesurer le PH., c’est-à-dire le degré de réaction, plus ou moins alcaline ou acide, de différents liquides. Pour permettre au professeur Ladame de se livrer sans entraves à l’étude de la physiologie normale et pathologique du cerveau, nous avons ajouté aux instruments donnés l’an dernier à la clinique psychiatrique de Bel-Air, un appareil pour mesurer la chronaxie. Par son dispositif, on arrive à chiffrer, à l’aide du courant électrique, la valeur de réaction des nerfs moteurs et sensitifs, comme celle des muscles. Connaître cette réaction est d’une importance capitale pour l’établissement du diagnostic, du pronostic et du traitement des troubles nerveux.
On voit, par là, que cet appareil très moderne est indispensable aussi bien pour les recherches scientifiques que pour la thérapeutique des désordres nerveux dont tant de malheureux sont frappés. Indépendamment de ces deux importantes donations, nous avons fourni à plusieurs professeurs de la Faculté des instruments qui leur faisaient défaut pour leurs opérations ou pour leur enseignement. Au professeur Koenig : un appareil de Beck pour la transfusion du sang. Au professeur de Seigneux : un mannequin de démonstration pour son service d’obstétrique. Au professeur Veyrassat : un appareil photographique utile dans sa clinique. Enfin, au professeur Bujard : les volumes
nouvellement parus du précieux traité allemand d’histologie dont, en partie grâce à nous, il a pu commencer l’an dernier, Ia collection.
Dès sa fondation, la Société académique a encouragé les missions scientifiques. Celle dont nous avons chargé le Dr Cornioley, privat-docent et ancien chirurgien en second de l’hôpital cantonal, nous a paru doublement digne d’être accomplie. Tout d’abord du point de vue chirurgical, par la diffusion de la méthode efficace et originale que le professeur Putti applique aux cas spéciaux d’arthroplastie dans son Institut de Bologne. Puis, du point de vue sociologique, par les résultats fonctionnels remarquables que l’application de cette méthode apporte. Ses effets rendent non seulement à un travailleur infirme, et plus ou moins tombé à la charge de la société, sa capacité totale de travail, mais encore les joies d’une existence normale.
Par la belle conférence offerte, au retour de sa mission, le Dr Cornioley a donné à notre société la primeur de ses observations ; qu’il en soit remercié.
Avant d’en arriver au compte-rendu concernant les fonds à destination strictement définie, ajoutons brièvement ce qui fut fait pour l’ensemble de l’Université au cours de cet exercice. La rente attribuée à la bourse « Albert Gallatin », dont nous sommes co-fondateurs, a été servie. Mlle Lackmann, étudiante américaine, en a bénéficié en suivant les cours de la Faculté de droit et de l’Institut universitaire de hautes études internationales. Enfin, nous avons participé au don fait à l’Université par le sculpteur Sarkissof, et par un groupe de souscripteurs, du buste de Raoul Pictet, le grand physicien genevois.
Le fonds auxiliaire de la Bibliothèque publique et universitaire et le fonds Gustave Moynier ont permis, comme toujours, d’acquérir de nombreux ouvrages ainsi que les périodiques habituels.
Le fonds Emile Plantamour, dans Ia commission duquel nous avons appelé le professeur Collet en remplacement du regretté professeur Chaix, a continué le versement des annuités qui vont à l’équipement de l’Observatoire et à la construction de la coupole astronomique du Jungfraujoch.
La commémoration du centenaire de l’Observatoire, ou nous étions invités à vous représenter, nous a permis de constater l’état florissant de cet établissement. Nous avons été heureux d’apporter vos félicitations et vos vœux à M. Raoul Gautier, son directeur honoraire, pour sa longue et féconde carrière, ainsi qu’au professeur Tiercy pour sa vigoureuse activité scientifique.
C’est une bien grande déception pour nous, Mesdames et Messieurs, de ne vous donner qu’une esquisse de Ia vie spirituelle intense qui, de juin à septembre, règne à la « Linnæa », notre jardin alpin. Le laboratoire botanique installé au sommet de la colline fleurie qui domine Bourg-St-Pierre, a été agrandi. Il est cependant trop exigu pour accueillir tous les chercheurs qui viennent y suivre les cours de vacances.
A cela vous trouverez une consolation en apprenant que, doté depuis peu d’instruments perfectionnés, il ne le cède en rien dans son appareillage aux stations botaniques européennes. Par les travaux personnels du professeur Fernand Chodat, il est placé, également, au premier rang des stations d’écologie expérimentale.
Aussi, ce laboratoire si productif a-t-il été honoré de nombreuses visites : professeurs d’universités, directeurs d’instituts, savants venus pour la plupart d’Angleterre et d’Amérique, afin de s’initier aux travaux de son éminent directeur, le professeur Robert Chodat.
Une foule d’auditeurs assistèrent cet été aux conférences, aux discussions, aux cours, donnés et dirigés par son fils et par lui. Des excursions dans la région, sur les glaciers qui la dominent et jusqu’en territoire italien, y ajoutèrent l’attrait de la science appliquée au sein d’une nature splendide. Parallèlement, une vingtaine de travailleurs, appartenant à dix nationalités différentes, se livrèrent là-haut à des études spéciales ou bien y préparèrent des thèses.
A côté de tout cela, il ne faut point omettre la mention des bienfaits d’ordre pratique retirés de la culture expérimentale des céréales du Canada. Les blés, les orges, les avoines, dont l’acclimatation fut entreprise dès longtemps, ont été adoptés par les cultivateurs de la vallée et semés avec le plus grand succès.
Par ce trop bref aperçu, vous mesurez l’ampleur donnée à cette discipline et l’étendue de son rayonnement. Que celui à qui notre station de biologie alpine doit une telle renommée, reçoive les vœux sincères que la Société académique forme pour le rétablissement de sa santé momentanément ébranlée.
Mesdames et Messieurs, le fonds Gillet-Voyages a décerné, cette année encore, un prix de mille francs à chacun des élèves sortis premiers de leur section au Collège. Les lauréats sont MM. Georges Ruffieux, Raymond Uldry, André Mercier et Jean Rajchmann.
A quatre de leurs prédécesseurs, nous avons remis la médaille d’argent, récompense du rapport qu’ils ont à rédiger au retour de leur voyage. D’une manière générale, les relations qui nous sont apportées offrent un texte agréable à lire ct décèlent un souci de bienfacture dans leur présentation. Cependant nous avons constaté, dans quelques cas, une négligence qui nous a surpris. Pour parer dorénavant à de telles défaillances, nous sommes certains que cette observation suffira. Empressons-nous d’ajouter que ces jeunes voyageurs nous envoient de partout des marques de leur gratitude et de leur enthousiasme, témoignages du bonheur qu’ils doivent à Mme Gillet-Brez.
En vous donnant, Mesdames et Messieurs, Ia justification des actes du Comité de la Société académique au cours de cette année statutaire, nous vous demandons avec votre approbation, votre pardon. Si nous nous sommes efforcé d’être concis sans y réussir assez, c’est qu’il fallait vous mettre à même de comparer les subventions accordées en votre nom, aux avantages qu’en retire le haut enseignement.
C’est maintenant chose faite. Et pourtant, un dernier mot s’impose. Mot de reconnaissance et d’éloge que je veux adresser sobrement, pour ne pas les froisser, à mes dévoués collègues du Comité. Qu’ils sachent que, par leur collaboration de tous les instants au cours de ces deux années, le labeur présidentiel s’est mué en besogne agréable.
Mesdames et Messieurs, en terminant d’écrire ce rapport annuel, en songeant aux responsabilités nouvelles dont va bientôt se charger joyeusement la Société académique, deux dates se présentent à notre esprit : 1888-1930. Nimbées d’un éclat pareil, elles brillent, unies à nos yeux, comme le symbole des quarante-deux années d’activité féconde et de prospérité dont elles marquent les limites.
Par elles, revivent devant nous de réconfortants souvenirs et de nobles exemples. Nous rappelant les faibles moyens dont disposait à sa naissance l’œuvre que nous servons et qui nous rassemble en ce jour, elles évoquent la mémoire des fondateurs de notre société et le souvenir de ceux qui, par leurs donations généreuses, ont augmenté son patrimoine. Elles
attestent les résultats et le prix d’un effort constant, sans relâche, amplifié au cours de cette longue période.
Mesurer cet effort, c’est retourner à la source vivifiante où nos devanciers trempèrent leur énergie, pour y puiser à notre tour les forces nécessaires à la tâche nouvelle que nous allons entreprendre. Les chiffres mêmes, dans leur sécheresse, nous convient à prendre exemple sur la grandeur de cet effort. Par le raccourci qu’ils nous en offrent, ils affermissent nos espoirs et notre foi dans la réussite de celui que nous tentons à notre tour. 1888, débuts modestes avec un capital de 17.000 francs. 1930, fortune dépassant le million et permettant une action bienfaisante plus que décuplée.
C’est ainsi adossé que nous lancerons notre appel d’entr’aide, en ce mois de décembre qui rappelle les hauts faits de notre République.
« Pour l’Université de Genève », tel est le titre que doit porter le fonds destiné à moderniser, par une aide financière puissante et répétée, la « schola genevensis ».
La nécessité de sa création, les raisons qui la motivent, le noble et grand but auquel il est destiné, sont exposés, sous tous leurs aspects, dans la brochure qui bientôt sera largement répandue dans notre ville.
L’importance que, par ses proportions doit prendre ce fonds nouveau sera définie en tête de la souscription publique par les dons des personnes de grand cœur qui sont venues nous seconder.
A ces généreux amis de la première heure, la Société académique adresse aujourd’hui l’expression de sa reconnaissance émue, Elle sait qu’à leur exemple, tous, citoyens et amis, se grouperont autour d’elle dans une ferveur commune : afin que l’Université d’aujourd’hui reste digne de l’Académie créée en 1559 par le peuple souverain ; afin qu’elle continue d’accomplir sans défaillance, dans Ia Cité des Nations, la mission qui lui fut assignée par ses illustres fondateurs; pour, enfin, qu’elle garde toujours le rang qu’avec Genève elle occupe depuis 371 ans dans l’histoire universelle.