Rapport annuel de la présidence 1945-1946

Mesdames et Messieurs,

Vous nous excuserez, nous n’en doutons pas, d’avoir fait une légère entorse à nos statuts en ne vous convoquant en Assemblée générale qu’en ce début de décembre. La seule raison de ce léger retard fut notre désir de nous assurer la présence de nos orateurs de ce jour.
Dans un moment vous aurez le privilège d’entendre M. le Professeur Antony Babel, ancien recteur, et
M. Adrien Lachenal, conseiller national, vous exposer les données d’un problème extrêmement
grave touchant l’avenir de nos universités cantonales. Lors d’un récent débat aux Chambres à propos des subventions fédérales votées en faveur de l’Ecole polytechnique, vous avez déjà tous entendu le cri d’alarme poussé à cette occasion par plusieurs de nos députés romands. L’intervention de M. le conseiller national A. Lachenal fut particulièrement remarquée. Malheureusement jusqu’à maintenant aucun remède n’a été proposé qui permette de mettre un frein à la centralisation, et de maintenir l’équilibre des forces intellectuelles et matérielles entre nos hautes écoles fédérales et cantonales, équilibre absolument indispensable à la vie même de notre pays.
Vous comprendrez sans peine, Mesdames et Messieurs. que la Société Académique de Genève,
dont l’article 3 de ses statuts précise « qu’elle se propose de contribuer de tout son pouvoir au progrès du haut enseignement dans tous les domaines ct particulièrement au développement de l’Université »,
se soit préoccupée de cette situation.
Sa raison d’être cst d’apporter à notre Université son concours dans toutes les circonstances, appui matériel sans doute, mais appui moral aussi. Du reste quoi d’étonnant à cela puisque nos membres
se recrutent pour la plupart parmi ceux qui, de près ou de loin, appartiennent ou ont appartenu à notre Université. Si le présent de notre Université nous a occupé  comme il se doit, son avenir a, plus encore, retenu notre attention et c’est pourquoi, cette année, votre Comité s’est penché sur ces questions qui doivent trouver une solution. C’est pour y contribuer dans la mesure de nos forces que nous avons offert nos services à M. le recteur de l’Université. Et c’est à cette œuvre de redressement que nous vous appelons tous, en collaborateurs, en amis de notre Alma Mater, en citoyens décidés de sauvegarder les meilleures valeurs de notre patrimoine national genevois.
Il convient, par conséquent, que tous ceux qui ont compris cc que représente pour Genève, son Université, viennent augmenter nos rangs. Nous groupons 846 Membres ; c’est déjà beaucoup, mais ce n’est pas assez et tout Genevois devrait avoir à cœur de faire partie de la Société académique en nous versant sa modeste contribution annuelle.
Dans le cours de cet exercice, nous avons perdu 18 membres par décès ou démission et 9 sont venus les remplacer.
Permettez-moi, Mesdames et Messieurs dc vous rappeler ceux que la mort nous a ravis : le Dr Conrad
Horneffer, le Professeur Emile André, Mme Hcrbert Ganz, M. le Ministre Pierre Bona, M. Roger de Lessert, M. Nicolas Petrovitch, le Dr Eugène Delessert, Mme  Chr. Arthus, M. François Monnard, le Dr. Paul Roethlisberger, le Dr A. Epstein, M. Edouard Aymonier, M. William Braschoss, le Professeur Albert Sechehaye, le professeur Alexandre Martin-Achard. Ce dernier tenait une place particulière dans notre ville, car la vie entière de M. Alexandre Martin-Achard fut consacrée au service de son pays. Mais nous savons, en particulier, le grand attachement qu’il portait à notre Alma Mater et combien fut fécond l’enseignement de ce citoyen modèle. Nous adressons à tous ces disparus un souvenir de gratitude pour tout ce qu’ils ont donné à la Cité, et à leurs familles, à leurs amis, nous tenons à apporter ici le témoignage de notre sympathie.
La Société Académique s’est efforcée, comme de coutume, de répondre, suivant ses ressources, aux
nombreuses demandes de subsides et d’aide qui lui sort parvenues. La modestie voudrait que nous n’en disions pas plus sur ce sujet. Toutefois, sans chercher à tirer gloire dc nos libéralités et sans chercher à nous parer des plumes du paon, puisque du reste ce sont de vos deniers qu’il s’agit, vous nous en voudriez si nous ne vous disions pas en peu de mots qui ont été les bénéficiaires de vos largesses que nous nous sommes efforcés de répartir le plus judicieusement possible.
A la Faculté de Médecine : Cette année encore, nous avons octroyé un léger subside à M. le Professeur de Seigneux pour lui permettre de continuer les travail de son laboratoire d’anatomie artificielle (plastiquc anatomo-chirurgicale).
Il y  a peu de semaines nous avons eu le plaisir de pouvoir remettre au professeur Gautier, médecin-chef de la clinique infantile, l’appareil « Biomotor », un poumon d’acier que nous avions acquis en collaboration avec un groupe de généreux donateurs. Cet appareil destiné à parer à la paralysie du
bulbe rachidien dans certain cas de poliomyélite, manquait à Genève et à notre hôpital et nous sommes heureux d’avoir pu combler cette lacune.
A la Faculté autonome de théologie, nous avons reû1is un subside plus important encore que
l’an dernier. Notre appui est plus particulièrement précieux dans les circonstances actuelles et notre
contribution est affectée à la chaire de l’histoire des religions.
Pour la Faculté des Lettres, nous avons, sur la demande de son doyen, M. Victor Martin, remis une allocation pour la chaire de rhéto-romanche qu’occupe M. Vellemann qui avait été précédemment accordée, mais non encore utilisée.
Pour la Faculté des Sciences : Sur la demande de M. le Professeur Rolin Wavre, nous avons
renouvelé, sans aucune hésitation, notre allocation à une bourse en faveur de M. André Ammann, un
des plus brillants étudiants en mathématiques que compta jamais notre Université. Nous tenons à
féliciter M. le Professeur Wavre de son initiative et aussi son élève qui s’est montré digne des espoirs
que l’Université met en lui. Licencié en sciences mathématiques à vingt ans à peine, M. Ammann sera
docteur l’an prochain.
Quant à la Faculté des Sciences Economiques et Sociales, et pour répondre à une demande de
son doyen, le Professeur Terrier, elle a reçu un important subside pour lui faciliter l’acquisition d’une
machine à calculer d’un modè1e récent qui était devenue indispensable pour les exercices pratiques
du séminaire.
En dehors de l’examen des demandes de subsides qui nous parviennent et auxquelles nous répondons de notre mieux et suivant nos moyens, une autre activité de la Société Académique, et non des moins importantes, consiste à gérer et à administrer les Fonds spéciaux constitués en vue d’un but particulier, mais toujours au profit de l’Université.
Laissez-moi tout d’abord vous parler du plus jeune de ces Fonds et dont la constitution semble
venir à son heure : le Fonds pour les Etudes classiques dont nous avons eu le privilège dc vous annoncer l’existence probable l’an dernier, est devenu aujourd’hui une réalité et a retenu d’une façon particulière notre attention.
Le don qui nous avait été fait par un généreux anonyme à la condition qu’il puisse être doublé, a
pu être accepté, car d’autres dons dans le courant de cette année sont venus à nous dans ce but. D’autre part, nous avons pris la décision de l’augmenter par un prélèvement d’un montant de Fr. 6.5oo,- sur nos revenus de cette année, ce qui portera le capital initial de ce fonds i environ Fr. 1o.ooo,-. Ceci n’est naturellement qu’un début, car nous devons très rapidement obtenir que cette somme soit au moins doublée si l’on veut que ce Fonds puisse remplir le but proposé.
Nous demandons à chacun de vous, Mesdames et Messieurs, de nous aider à y parvenir et nous espérons que vous voudrez bien répondre favorablement à l’appel que nous vous avoirs adressé tout dernièrement.
Un récent article paru dans le Journal de Genève, dû à la plume de M. Olivier Reverdin, marquait
d’une façon particulièrement éloquente et pertinente l’intérêt qu’il y aurait pour notre pays d’avoir sa
maison à Rome. La création d’un Institut suisse à Rome est dans l’intérêt de toutes les Universités,
écrit-il. La possibilité pour les futurs professeurs de latin, d’histoire romaine, de droit romain, d’histoire du moyen âge, de littérature, d’aller compléter leur formation scientifique à Rome, présenterait à cet égard des avantages sur lesquels il serait vain d’insister. Nos Autorités fédérales, en mettant peu d’empressement à accepter le don de la villa Maraini, semblent ne pas se rendre compte de l intérêt de cette question. Et puis, il n’y a pas que Rome, il y a aussi l’Ecole française d’Athènes où les Suisses  sont toujours amicalement invités; il y a l’Egypte, la Syrie. Nous nous devons d’aider nos jeunes savants, nos futurs professeurs, dans leurs études faites en terre classique.
Le Fonds qui vient d’être créé devra, dans un proche avenir permettre, par ses revenus, l’octroi de
bourses à des élèves de notre Université pour leur faciliter le voyage à Rome, Athènes, Le Caire
ou Beyrouth.

Un autre Fonds, jeune aussi, est entré cette année pour la première fois en activité : le Fonds
Paul Moriaud qui est géré par une Commission composée de MM. Ch. Gautier, H. Audeoud, J. Sautter, M. Borgeaud et B. Naef. Sur plusieurs demandes qui lui sont parvenues, le Comité, sur proposition de la Commission, a attribué une somme de Fr. 1ooo, à M. le Dr P. Duchosal pour faciliter son voyage au Congrès inter-américain dc Cardiologie de Mexico, où il avait été appelé. M. le Dr Duchosal est un cardiologue distingué et, à son retour d’Amérique, il nous adressera un rapport
sur son activité scientifique dont nous vous ferons part l’an prochain. Nu1 doute que d’ici au 15 juillet
prochain d’autres demandes nous parviennent permettant d’attribuer utilement les revenus du fonds
en faveur de tel professeur, tel privat-docent ou même d’étudiant gradué, conformèrent aux clauses
du Fonds reflétant fidèlement les vœux de la testatrice, Mme Paul Moriaud.
Le Fonds Gillet. La seule activité de la Commission du Fonds Gillet a été d’attribuer le Prix Gillet-
Voyages : 3 prix de Fr. 4oo,- ont été accordés à :
M. Pierre Ferrier, pour la section classique, Guy Fontanet, pour la section réale, André Duriaux,
pour la section scientifique. Dans la section moderne du Collège, aucun élève n’a obtenu la note moyenne nécessaire pour obtenir le prix. De ces trois lauréats, seul M. Guy Fontanet a déjà utilisé son prix pour son voyage. Il a lait un long séjour à Paris ; le rapport qu’il a présenté montre bien qu’il en a largement profité au point de vue de sa culture générale.
M. le D. Audeoud préside avec infiniment de dévouement et de conscience Ia Commission du
Fonds Gillet depuis son origine en 1917. Il vous plaira d’apprendre que le Comité dc la Société Académique lui a décerné la médail1e du Fonds Gillet, simple hommage rendu à son activité présidentielle.
La Linnaea. Les conditions internationales permettent heureusement de reprendre les cours de
biologie alpine à La Linnaea, des tractations sont en cours avec les universités anglaises pour recevoir dès l’an prochain des participants dont il est difficile de fixer le nombre. M. le Professeur Chodat, qui dirige notre Institut de botanique, se trouve en face des difficultés classiques du logement, mais il espère pouvoir arriver à les résoudre. Le laboratoire et ses annexes ont été réparés de manière à pouvoir recevoir des botanistes qui se rendront l’été prochain à Bourg-St-Pierre.
M. le Professeur Chodat a consacré la plus grande partie de son séjour à Bourg-St-Pierre à l’inspection et à l’amélioration des rocailles; ces travaux sont actuellement fort avancés. Nous le remercions des soins attentifs qu’il prend à la Station de La Linnaea.
Un fichier alphabétique et par région de culture a été constitué et les consultations des botanistes seront de ce fait grandement facilitées. Nous espérons vivement que les efforts consacrés ces six derniers étés trouveront leur récompense dans l’intérêt que prendront les étudiants et les botanistes de Suisse et de l’étranger à l’Institut de Bourg-St-Pierre durant les cours de vacances de 1947.
Le Fonds Plantamour. Vous vous rappellerez sans doute que, grâce à ce Fonds, nous avons pu collaborer à la création de l’observatoire du « Jungfraujoch » que dirige M. le Professeur Georges Tiercy. Ce dernier constate que prochainement il faudrait envisager des travaux d’une certaine importance au point de vue instrumental. Il a constaté que l’argenture des miroirs est à refaire, ce qui ne sera pas chose facile à cause de la température. Enfin, M. Tiercy remarque qu’il rencontre des ennuis assez sérieux concernant la construction, ennuis qui sont dus aux infiltrations d’eau ct qui entraîne de multiples inconvénients; on n’a pas encore réussi à y parer malgré les frais qu’on y a consacrés. Ce sont là des inconvénients que les ingénieurs ne soupçonnaient pas à l’époque de la construction.
Le Fonds des Archives a permis d’indemniser Mme Bordier-Horngacher pour un travail important
et des plus utile effectué aux Archives d’Etat, sous la direction de M. Paul-Ed. Martin.
Fonds Moynier. Par suite de blocage, les revenus du Fonds ont été trop faibles pour être mis à profit
cette année.
Fonds auxiliaire de la Bibliothèquc publique et universitaire. De nouvelles acquisitions ont pu être
faites dans le cours de cette année qui sont venues enrichir notre Bibliothèque publique. En voici la
liste: (Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, 1801, 25 volumes, Chester Beatty Biblical Papyri, 14
volumes; Ouvrages anglais d’histoire, littérature, etc… 1o5 volumes; soit au total 144 volumes pour
un montant, de Fr. 2.35o.
Le Fonds Turrettini a été institué pour créer tous les deux ans un « Prix Turrettini ». Ce prix, de
Fr. 1ooo, a été attribué cette année à M. Edouard Gerecke, ingénieur électricien.
Le Nouvel Institut de Physique a retenu très souvent notre attention durant le cours de cette année.
Notre collègue, M. le Professeur Pfaeffli, préside les Commissions qui se sont réunies à plusieurs
reprises pour faire avancer la réalisation du bâtiment projeté. Comme vous le savez, il appartient à notre Société de gérer les fonds mis à notre disposition par un groupe de donateurs qui ont désiré contribuer, par leur geste généreux à l’édification aussi rapide que possible de cet institut destiné à augmenter le prestige et le bon renom de notre Université.
Cette année le Fonds s’est enrichi de Fr. 1o.ooo,- grâce à la générosité de M. Marc Birkigt, ce qui
porte le capital recueilli à Fr. 245.ooo,-.
La Société Académique a pris à sa charge, vous vous en souviendrez, les frais d’un concours entre
plusieurs architectes. Le jury a attribué le prix à M. ID. Honegger, architecte. Une commission de
spécialistes, composée de MM. les Professeurs Jaquerod, de Neuchâtel , Scherrer, de l’Ecole polytechnique fédérale à Zurich, et Jean Weigle de Genève fut appelée à se prononcer sur 1e projet
pour y apporter tous les aménagements désirables en fonction des buts techniques et didactiques du
nouvel Institut, La Commission s’étant prononcée, M. Honegger put déposer tout récemment sou
projet qui fut accepté et qui permettra l’établissement des plans d’exécution. L’emplacement de l’Institut de Physique qui avait été prévu sur une parcelle de terrain contiguë au Studio de Radio-Genève dut être abandonné. Le Département des travaux publics a arrêté son choix sur les terrains du bord de l’Arve à l’angle de la rue des Bains et du quai de l’Arve, en prolongement de l’actuel Institut
d’Hygiène. Cet emplacement paraît favorable à tous égards, mais les terrains qui n’appartiennent pas à l’Etat de Genève devront encore être acquis. Le bâtiment seul reviendra à un prix bien supérieur à
celui qui avait été prévu à l’origine en raison dc l’augmentation des élèves et du coût de construction, et le Grand Conseil devra encore décider des crédits. De toute manière, et malgré la bonne volonté
de chacun, l’édification du nouvel Institut n’est pas encore chose faite, et pourtant le temps presse si
l’on ne veut pas se faire distancer par d’autres villes de Suisse qui, comme Genève, ont compris l’intérêt très actuel de posséder un Institut de Physique moderne et capable, non seulement d’attirer des étudiants, mais aussi de retenir chez, nous des professeurs qui font honneur à notre Université.
Fonds Général de l’Université. Comme nous vous l’indiquions dans notre dernier rapport, ce fonds
put être créé grâce à l’initiative et à la ténacité dc M. Adrien Lachenal, alors président du Département de l’Instruction publique, et de M. Antony Babel, Recteur. Il est géré par une Commission où siègent, entre autres, 3 délégués de la Société Académique.
Actuellement, le Fonds s’élève à Fr. 285.ooo, environ, dont la moitié des revenus est mise à la
disposition directe de l’Université et pour des dépenses hors budget. Comme ce capital est très loin
de suffire aux besoins actuels et futurs de notre Alma Mater, il a été décidé de faire un appel pressant  à la population genevoise en vue d’obtenir des fonds dans l’espoir de voir la fortune du Fonds général
de l’Université atteindre Fr. 50o.ooo, et même Fr. 1’ooo.ooo. Nous souhaitons que cet appel soit
entendu et que vous tous, Mesdames et Messieurs, voudrez y répondre avec la générosité qui a toujours caractérisé les Genevois pour leur Université.
Durant le cours de cette année, nous nous sommes associés à toutes les principales manifestations
touchant de près à notre Université. Nous nous sommes en particulier joints à tous les témoignages
qui ont été adressés à M. le Professeur Eugène Choisy à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, en n’oubliant pas tout ce que notre société devait à son président d’honneur. Nous avons aussi participé à la constitution du prix décerné à M. Eugène Penard, à l’occasion de son nonantième anniversaire, en hommage pour ses travaux de protistologie. C’est avec un plaisir tout particulier que notre Comité s’est fait représenter à la cérémonie qui eut lieu en l’honneur de M. Guillaume Fatio à l’occasion de sa nomination au grade de docteur Honoris causa de notre Université. La Société Académique participa aussi à l inauguration du buste du Professeur Bernard Bouvier, destiné à rappeler la mémoire de cet homme charmant et distingué qui illustra durant de longues années notre Faculté des Lettres. Enfin, nous avons pris part à toutes les manifestations qui ont eu lieu en l’honneur des étudiants, hollandais et américains, qui sont venus passer un semestre dans notre ville. Tous ont emporté un excellent souvenir de notre Université ct, une fois rentrés dans leur pays, nous n’aurons pas de meilleurs ambassadeurs que ces étudiants, demain élite de leur pays, pour donner toujours plus d’ampleur aux relations qui unissent leur nation à notre cité. Nous avons, comme de coutume, assisté au Dies Academicus, ainsi qu’à la séance de rentrée des cours. Nous nous sommes associés aux remerciements et aux éloges qui ont été adressés à M. le Professeur Antony Babel  par M. le Professeur Paul-Edmond Martin, Recteur en charge. Nous tenons à rappeler ici toute la belle et féconde activité dép1oyée tout au long de son rectorat par M. le Professeur Babel qui s’est toujours employé avec la plus grande compréhension à faciliter notre tâche et à fortifier les liens qui unissent notre société et l’Université. Nous souhaitons à M. le Recteur Martin un égal succès et nous pouvons l’assurer de notre concours chaque fois qu’il sentira le besoin de faire appel à la Société Académique.
Avant de terminer cc rapport sur les activités diverses de notre société, nous tenons à vous informer
que nous avons entrepris des démarches auprès du Conseil d’Etat pour obtenir de lui qu’il voulût
bien prendre un arrêté analogue à celui accordé aux donateurs du Fonds général de l’Université, ce
qu’il a accepté par son arrêté du 9 juillet 1946. En conséquence, dès maintenant, toutes personnes
morales ou toutes sociétés sont admises à déduire de leur revenu brut les dons faits à la Société Académique ou aux Fonds gérés par elle. Nous espérons ainsi encourager ceux qui préféreraient nous faire des libéralités plutôt que de se voir contraints à remettre au fisc une trop grosse part de leur bénéfice.
Mesdames et Messieurs, après avoir entendu le rapport de notre trésorier et celui de nos contrôleurs
des comptes, vous voudrez bien donner décharge à votre Comité qui, malgré ses efforts pour remplir au mieux sa tâche, se rend compte très nettement de son imperfection.
MM. Louis Blondel, Paul Collart, Roger Firmenich, Frédéric Gardy, Charles Gautier, Georges Lemaître, Bernard Naef et Jean Sautter, sont arrivés au terme dc leur mandat, mais sont
rééligibles pour une nouvelle période de 2 ans et acceptent tous de se présenter à vos suffrages.
Nos Contrôleurs des comptes, MM. F. Dominicé. J.-L. Micheli et M. Rappard sont également rééligibles pour une nouvelle période d’un an.
Nous saisissons cette occasion pour les remercier de bien vouloir accepter un nouveau mandat. Toujours avec plus d’acuité et de pertinence, nous nous rendons compte de l’importance qu’il y a, pour Genève, de maintenir son Université à la hauteur de ses nobles tâches et c’est pourquoi dans notre monde en pleine évolution nous devons tout faire pour lui donner les moyens non seulement de conserver, mais d’accroître les forces intellectuelles et morales de notre vieille cité. On 1e comprend bien dans le nouveau monde, si l’on songe aux largesses faites aux universités américaines par l’Etat et surtout par les particuliers.
Et je ne puis, en terminant, que vous rappeler ce que l’écrivain Charles Morgan disait dans un
article tout récent : « La plus grande gloire des grands professeurs et des grandes universités depuis
que fleurit la civilisation, a été de guider l’esprit de l’homme, au moyen de la sage discipline libératrice de la connaissance et de l’émerveillement. Nous sommes des citoyens, mais nous sommes des êtres humains, nous sommes des êtres humains, mais nous sommes des âmes. C’est notre âme qui vit, bien que ce soit notre esprit qui s’instruise »
C’est bien de l’âme qu’il s’agit. De l’âme de la Cité. Cultivons la, sauvons-la, c’est à cette tâche que
nous vous convions.

Bernard NAEF, président