Rapport annuel de la présidence 1961-1962

Jean-Jacques GAUTIER, président
22 novembre 1962

 

 Mesdames et Messieurs,

Au moment d’ouvrir la 74ème assemblée générale de la Société Académique, je suis certain d’être votre interprète à tous en m’adressant tout d’abord à M. le conseiller fédéral Wahlen pour lui souhaiter respectueusement une cordiale bienvenue et le remercier très vivement du grand privilège qu’il nous accorde en venant nous parler ce soir.

J’ai l’honneur d’accueillir en cette salle M. Emile Dupont, président du Conseil d’Etat, M. André Chavanne, président du Département de l’instruction publique, MM. les conseillers d’Etat René Helg, François Peyrot et Jean Treina, plusieurs de nos députés aux Chambres fédérales, M. le procureur général Jean Egger, M. Léopold Boissier, président de la Croix-Rouge internationale, M. Louis Maire, président de la F.A.O., les représentants de nos conseils cantonaux et municipaux, de la Chambre de commerce et des organisations internationales domiciliées à Genève. Nous sommes très heureux également de constater la présence parmi nous de deux Genevois qui sont parmi les collaborateurs les plus proches de M. lie conseiller fédéral Wahlen, M. l’ambassadeur Pierre Micheli, secrétaire général du Département politique, et M. le ministre Olivier Long, délégué de la Suisse auprès de l’AELE, ainsi que de notre ambassadeur au Caire, M. Robert Maurice.

S’il ne m’est pas possible, décemment, d’accueillir ici M. le recteur Jean Graven, puisque c’est nous qui sommes ses hôtes ce soir, qu’il me permette de le saluer très respectueusement comme je salue aussi MM. les doyens et professeurs de l’Université ainsi que les membres de notre société dont l’appui fidèle et généreux nous permet, année après année, de mener à bien la tâche qui nous est confiée.

Je voudrais enfin dire aux représentants de la presse combien nous leur sommes reconnaissants de l’intérêt qu’ils portent à notre société et des grands services qu’ils rendent à l’Université en renseignant notre population sur les problèmes toujours plus nombreux que suscite son activité.

Vous comprendrez, Mesdames et Messieurs, que l’événement exceptionnel que représente la présence dans cette salle de M. le conseiller fédéral Wahlen ait incité notre Comité à réduire au strict minimum la partie administrative de notre assemblée. C’est ainsi que notre trésorier, M. André Fatio, dont l’activité considérable tant au sein de notre société qu’à la présidence du Conseil Académique mérite les plus vifs éloges, a renoncé à prendre la parole ce soir me priant d’incorporer dans mon rapport les éléments financiers qui sont de son ressort. Nous nous abstiendrons, d’autre part, si vous le voulez bien, de vous lire le rapport de nos contrôleurs qui conclut à la parfaite tenue de notre comptabilité.

Je vais m’efforcer moi-même de limiter mon exposé aux faits les plus importants de l’exercice écoulé.

Parmi ceux-ci il en est un – hélas – qui est pour chacun de nous un sujet de tristesse profonde : je veux parler du décès de notre cher collègue M. Gustave Hentsch. Membre pendant 42 ans de notre Comité, qu’il présida magistralement de 1941 à 1944, Gustave Hentsch restera pour chacun de nous un exemple et un modèle. Membre de la commission administrative de l’Université et du comité de gestion du Fonds général, il a participé en outre à l’activité d’une série de commissions de notre société. De plus, il a été l’un des initiateurs et des animateurs de trois grandes campagnes financières des récentes décennies, celle de 1929 qui réunit près d’un million pour l’équipement de l’Université, celle de 1944 qui a permis la réalisation du nouvel Institut de physique et celle de 1946 qui aboutit à la création du Fonds général de l’Université. Les succès qu’il a obtenus dans la recherche d’appuis financiers ne s’expliquent que lorsqu’on connait l’ardeur qui l’animait et aussi l’exemple de générosité personnelle qu’il donnait  constamment. Nous en avons eu un ultime et précieux témoignage dans il legs dont il nous a fait bénéficier et qui vient couronner toute une série de libéralités d’une importance considérable, que je ne puis pas énumérer ici en raison des consignes de discrétion voire d’anonymat, dont il les accompagnait. Peu de jours avant son décès, le Sénat décidait de lui décerner la médaille de l’Université et cette distinction si méritée a été pour chacun de nous un sujet de fierté. Que Mme Gustave Hentsch et ses enfants veuillent bien trouver ici l’expression de notre très cordiale et affectueuse sympathie.

J’ai également le triste devoir de d’évoquer ici la mémoire de M. Adrien Lachenal qui, en sa qualité de Président du Département de l’instruction publique et aussi par ses interventions aux Chambres fédérales, a rendu d’immenses services à l’Université, alors qu’à titre privé il avait favorisé notre société d’une donation généreuse qui lui avait valu le titre de membre bienfaiteur. Nous adressons à sa famille nos très sincères condoléances.

Comme vous le savez, Mesdames et Messieurs, l’activité de notre société consiste pour une large part à gérer les fonds qui nous sont confiés. Ces fonds investis en actions pour les deux tiers environ ont donc largement bénéficié, depuis la fin de la guerre, de la conjoncture boursière favorable. Le renversement de la tendance intervenu cette année a entraîné pour eux une diminution de valeur de 14% environ qui, bien heureusement, ne représente qu’une fraction modeste des gains enregistrés précédemment. Au 30 septembre, la valeur totale de nos actifs se montait à Fr. 4.800.000,-. Quant aux revenus, ils avaient progressé légèrement de Fr. 108 000,- à Fr. 112.000,- et nous ont permis de procéder aux allocations suivantes :

Par le Fonds ordinaire, nous avons attribué : au Dr M.C. Sanz, pour le remplacement d’une machine à calculer Fr. 3 350 ; au prof. E. Cherbuliez, pour l’achat d’un photomultiplicateur Fr. 1 000 ; au prof. Marc Sauter, pour la bibliothèque de l’Institut d’anthropologie Fr. 5 500,- ; au prof. Ch. Rouiller, pour compléter la bibliothèque de l’Institut d’histologie et d’embryologie Fr. 2 000,- ; au prof. Ch. Baehni, pour l’acquisition d’un appareil de lecture de microfilms Fr. 1 000,- ; au prof. J. Baumann, pour l’achat d’un microscope Wild Fr. 2 866,-.

Le Fonds Auxiliaire de Ia Bibliothèque Publique a acheté divers ouvrages pour un montant de Fr. 3 878.65.

Le Fonds pour Etudes Classiques et Orientales a accordé à M. André Hurst, pour lui permettre un stage d’une année à l’Institut suisse Fr. 3 000,-.

Par le Fonds Frédéric Firmenich une bourse de Fr. 3.600,- a été accordée à M. Félix Hunkeler pour continuer ses recherches sur la phosphorisation des acides cétoniques, et un subside de Fr. 3.000,- au Dr Rabinowitz, pour lui permettre de participer au Symposium international sur la chimie du fluor tenu au Colorado, du 17 au 20 juillet.

Par le Fonds Gillet Voyages, trois bourses de voyage de Fr. 1000,- ont été accordées aux titulaires des premières maturités : MM. J. D. Gousenberg, J.P. Ogi et Ch. Kronegg soit Fr. 3.000,-

Sur le Fonds pour l’Institut de Physique, il a été attribué : au prof. Jauch, Fr. 3 500,- pour l’aménagement d’une chambre noire, et Fr. 8 524.55 pour la bibliothèque de l’Institut ; au prof. Edouard Poldini, Fr. 10 049.30, pour un magnétomètre à protons.

Le Fonds « La Linnaea » a contribué par un versement de Fr. 600-, aux frais d’entretien de la station de botanique alpine à Bourg-Saint-Pierre.

Far le Fonds Moriaud, il a été accordé : au prof. Graven, pour l’impression de son ouvrage sur l’argot et le tatouage des criminels et à M. Hervé Favre, Fr. 3 000,- pour lui permettre d’entreprendre des recherches sur l’application du rein artificiel à l’Hôpital Necker à Paris.

Le Fonds Moynier a payé à la Bibliothèque Publique et Universitaire Fr. 5 000,- pour l’abonnement à divers périodiques.

Le Fonds pour l’Université a accordé au Conseil Académique Fr. 5 000,- pour contribuer aux frais d’impression du « Guides des études à l’Université de Genève » qui vient de sortir de presse et constitue, je dois le dire une réussite exceptionnelle.

Le Fonds M. Birkigt a attribué à : M. Maurice Stroun Fr. 4.000,- pour ses travaux de re herches dans le domaine de l’hybridation végétative et de la fécondation pluri paternelle et à M. Gilbert Turian Fr. 1.350,- pour l’achat d’un four à sécher « Gallenkamp » nécessaire à ses recherches axées sur l’étude de la biochimie de la diffrenciation fongique.

Le total des subventions que je viens de mentionner représente un montant légèrement supérieur à celui de l’année dernière. Nous pensons que cette somme pourra être nettement dépassée au cours des prochaines années, d’autant plus qu’à chacune de nos récentes assemblées nous avons pu vous annoncer la création d’un fonds nouveau, signe évident que la race des mécènes n’est pas près de s’éteindre. Aujourd’hui, je puis vous faire part d’une nouvelle particulièrement importante: par acte du 23 mars 1962, Mme Charles Bally a fait don à notre société, sous réserve d’un droit d’habitation, de la villa dont elle est propriétaire et où le Bally a passé les dernières années de sa féconde carrière. Cette donation, dont la valeur est proche d’un demi-million, a pour but de créer un Fonds Charles Bally destiné à favoriser l’étude de la linguistique par l’octroi de prix et de bourses.

Mme Bally confie ainsi à notre société un mandat qui nous honore grandement et nous cause une satisfaction profonde car l’étude de la linguistique, illustrée par les travaux révolutionnaires et fondamentaux des professeurs de Saussure, Bally et Séchehaye, constitue une page glorieuse de l’histoire de notre Université. Appelé en 1913 à occuper la chaire de linguistique de Ferdinand de Saussure, le professeur Charles Bally s’est montré digne en tous points de son génial prédécesseur. Il ne s’est pas borné à suivre la voie tracée par celui-ci. Chercheur passionné, doué d’une intelligence et d’une intuition exceptionnelles, il a porté son attention sur une série de phénomènes encore peu étudiés et doit être considéré comme le créateur d’une branche nouvelle de la linguistique, la stylistique, qui a acquis droit de cité dans les plus importantes universités. Je me souviens encore du sentiment de fierté que, tout jeune étudiant, j’ai éprouvé en découvrant dans le programme de l’Université de Munich la mention d’un cours effectué « selon la méthode Bally ». Docteur honoris causa de la Sorbonne, membre d’honneur de l’Institut grand-ducal du Luxembourg et professeur honoraire de notre Université dès 1939, M. Bally a continué jusqu’à son décès, en 1947, et malgré une cécité presque complète, à étudier les rapports du langage et de la vie, aidé qu’il était par le dévouement total de Mme Bally qui, depuis lors, a consacré toute son activité au souvenir de son époux. Par la création du Fonds Charles Bally, elle couronne cette œuvre de fidélité exemplaire et mérite amplement le titre de membre bienfaiteur que notre comité lui a décerné.

Mesdames et Messieurs, arrivé au terme d’un mandat de trois années, je me dois d’exprimer ici ma gratitude à mes collègues de notre Comité, de même qu’à tous ceux qui m’ont aidé dans une tâche que le développement de notre société rend chaque année plus complexe. Je m’en voudrais aussi de ne pas dire aux autorités de l’Université, et tout particulièrement au Recteur, au Bureau du Sénat et au Secrétaire général, notre reconnaissance et notre admiration pour l’énergie avec laquelle ils ont maîtrisé les problèmes considérables posés par la croissance explosive de notre Alma Mater et pour l’impulsion qu’ils ont donnée aux réformes de structure qui s’imposaient.

Le professeur Eric Martin a été un grand recteur et nous avons déjà pu constater que le professeur Graven suit dignement sa trace. S’il m’est permis d’exprimer ici un ultime souhait, dans un domaine qui m’a toujours tenu à cœur, c’est que l’on ne s’arrête pas en si bon chemin. Si, comme nous en sommes tous persuadés, le développement harmonieux de notre Université nécessite une planification à long terme, celle-ci ne doit pas être compromise par des changements trop brusques dans le personnel dirigeant.

Par leur activité au bureau du Sénat, puis comme vice-recteur, et enfin à la tête de l’Université, nos recteurs accumulent un capital de confiance, de connaissances et d’expérience qui cesse presque complètement d’être utilisé dès le jour où expire leur mandat. Permettez à un homme d’affaires de voir dans cette pratique une forme de gaspillage dont la nécessité n’est en tout cas pas aveuglante. Sans vouloir aller aussi loin que les universités allemandes qui décernent le titre de pro-recteur au recteur sortant de charge, ne serait-il pas possible d’associer celui-ci plus étroitement au gouvernement de l’Université per une voix consultative au bureau du Sénat, ou par des rencontres régulières avec le recteur et le secrétaire général, ou de toute autre manière ? Même si cette suggestion vous paraît en opposition avec une tradition bien établie, je suis persuadé, MM. les professeurs, que vous me pardonnerez de profiter de ma dernière apparition à cette place pour plaider une fois encore en faveur d’une gestion toujours plus efficace de notre Université. Vous savez en effet que cette intervention est guidée par un motif unique : l’attachement profond que notre société tout entière porte à notre vénérable Alma Mater, fière de son illustre passé mais d’autant plus résolue, nous en sommes persuadés, à affronter avec lucidité les tâches nouvelles que lui impose un monde en pleine évolution.

Mesdames et Messieurs, si personne ne désire prendre la parole, je considérerai notre rapport comme adopté.

Nous devons procéder maintenant à la réélection de ceux des membres de notre Comité dont le mandat expire aujourd’hui. Il s’agit de MM. Augustin Lombard, André Fatio, Alphonse Bernoud, Louis Blondel, Roger Firmenich, André Mottu, Bernard Naef et Paul Collart. Ces messieurs acceptent tous une réélection, à l’exception de M. Collart qui nous a fait savoir tout récemment que sa fonction de directeur de l’Institut suisse de Rome l’oblige à décliner un nouveau mandat. Je saisis cette occasion pour exprimer nos regrets de cet abandon forcé et notre gratitude pour les services que le professeur Collart a rendus à notre société qu’il a présidée avec une rare distinction de 1947 à 1950. Notre assemblée aurait donc la possibilité de désigner deux nouveaux membres de son Comité puisque la place de M. Gustave Hentsch est également vacante. Nous estimons cependant qu’en raison de l’importance des tâches qui nous attendent toute candidature nouvelle doit faire l’objet d’un examen minutieux et de démarches qui ne doivent pas être entreprises à la légère. Nous préférons donc en accord avec nos statuts, nous borner à vous proposer la réélection des personnes dont j’ai mentionné les noms, et pensons pouvoir vous présenter à notre prochaine assemblée des candidatures qui rallieront tous vos suffrages.

Nous devons également procéder à la nomination de nos contrôleurs. Alors que MM. Eric Chauvet et Edmond Maeder acceptent une réélection, M. Guillaume Bordier désire être déchargé de son mandat.

Je le remercie vivement des services importants qu’il nous a rendus, de même que ses collègues, et propose à vos suffrages, pour le remplacer, le nom de M. André Mirabaud.

Mesdames et Messieurs,

Je puis maintenant déclarer terminée la partie administrative de notre assemblée et en venir à la mission la plus agréable, mais la plus périlleuse aussi, l’introduction de notre éminent conférencier.

Originaire de ce canton de Berne auquel nous unissent des liens de combourgeoisie presque cinq fois centenaires, M. Fritz Wahlen a commencé sa carrière dans l’agriculture. Il obtint son diplôme d’ingénieur agronome à notre Ecole polytechnique fédérale où il revint s’asseoir, mais comme professeur cette fois, après plusieurs années d’activité pratique au Canada.

Lors des sombres journées de l’été 1940, M. Wahlen fut parmi les premiers à proclamer publiquement notre volonté de résistance à tout prix. Chargé par le Conseil fédéral de réaliser le plan d’extension des cultures, il sut lui donner une signification, une âme et un élan qui emporta l’adhésion du peuple suisse, il est bien rare, dans l’histoire, qu’une mesure gouvernementale de caractère principalement technique s’impose si bien à la conscience des citoyens qu’elle devienne en quelque sorte le symbole de la volonté populaire. Remarquable animateur et meneur d’hommes, M. Wahlen réalisa cette espèce de miracle. Le Plan Wahlen, comme on l’appela très vite, devint une pièce maîtresse de notre défense nationale. Les immenses avantages qu’il apporta à notre ravitaillement furent probablement dépassés encore par le sentiment de confiance qu’il procura à notre peuple et par la preuve supplémentaire donnée à l’étranger que la Suisse était prête à tous les sacrifices pour défendre son indépendance. Ce n’est pas sans raison qu’en 1940 déjà M. Wahlen recevait le prix Marcel Benoist, la plus haute distinction scientifique que connaisse notre pays.

La fin de Ia guerre allait permettre au professeur Wahlen de déployer ses qualités dans ces nouveaux domaines. Conseiller aux Etats, il joua un rôle en vue dans les débats relatifs au Don Suisse, à la politique étrangère, aux problèmes économiques et agricoles. Ayant mis ses talents au service de la F.A.O., dont l’activité était si nécessaire au monde dévasté, il s’y imposa très vite, tout en y faisant un apprentissage diplomatique dont notre pays tout entier tire partie aujourd’hui. Devenu directeur-adjoint de cette Institution, il s’installa à Rome, ce qui lui permit d’acquérir une parfaite maîtrise de notre troisième langue nationale, et aussi ce sens de l’humanisme latin ou Méditerranéen qui est une composante primordiale de la civilisation occidentale.

La nomination de nos conseillers fédéraux est soumise, vous le savez, à un ensemble de conditions linguistiques, régionales, confessionnelles parfois, politiques toujours, qui constituent souvent un obstacle au choix du meilleur candidat. Et pourtant, il arrive quelquefois qu’à la suite de débats confus, contradictoires, voire décourageants, notre Assemblée nationale, guidée par une sorte d’intuition de la volonté populaire, choisisse au dernier moment, et presque contre toute attente, la personnalité exacte dont le pays avait besoin. Lorsqu’en 1958 elle nomma M. Wahlen, chacun sut qu’elle ne faisait qu’exprimer ce que la Suisse tout entière avait voulu. Depuis quatre ans, M. Wahlen a dirigé trois départements fédéraux, plus un quatrième à titre intérimaire. C’est dire qu’il n’ignore plus rien des problèmes de notre gouvernement.

Par sa connaissance parfaite de nos trois langues nationales et de l’anglais par surcroît, par son expérience approfondie des principales questions qui intéressent notre avenir, par son intelligence de nos besoins matériels et spirituels, M. Wahlen réunit à un degré très rare les compétences et les qualités nécessaires à la direction de notre politique extérieure.

Mais ce qui donne une valeur irremplaçable à ces qualités, c’est qu’elles sont au service d’une âme élevée, totalement dévouée à la chose publique, et d’un caractère sans défaillance qui puise sa force dans une foi authentique. Nous savons que la politique internationale qu’il dirige et dont il va nous présenter ce soir quelques aspects, est une politique de défense de nos intérêts, mais aussi une politique de générosité. La cité de Calvin, de Rousseau et d’Henri Dunant, ne peut qu’y souscrire de tout son cœur.