Rapport annuel de la présidence 1963-1964

Augustin LOMBARD, président
30 novembre 1964

 

 

Mesdames et Messieurs,

Je déclare ouverte la 76e assemblée générale de la Société Académique.
Plusieurs représentants de nos autorités ont répondu à notre invitation et je les salue. Leur présence parmi nous est un signe de l’intérêt qu’ils portent à notre activité. Je m’adresse particulièrement ici au recteur, M. Claudius Terrier, et au secrétaire général de l’Université, M. Bernard Ducret. En assistant à nos débats, ils verront directement et par le détail la mesure de l’appui que nous apportons à l’Université et l’esprit dans lequel travaille le comité. Ils comprendront certainement qu’au-delà des allocations versées aux professeurs et aux étudiants, existe un intérêt soutenu et compréhensif pour tout ce qui touche au haut enseignement et à la recherche universitaire.

Notre action est modeste et ne peut se comparer à celle que permettent les crédits du Fonds national et ceux de l’Etat. Cette modestie pourrait paraître une vertu. Mais dois-je avouer qu’elle n’est qu’un voile qui cache une action adaptée à la mesure de nos moyens ? Notre attention vigilante cherche cependant à accroître sans cesse nos efforts. Parmi ceux qui se sont fait excuser, je tiens à mentionner Madame Bally à laquelle j’adresse nos messages et le professeur Graven, ancien recteur, qui m’a adressé une lettre exprimant ses vœux et félicitations.

M. Alphonse Bernoud a donné sa démission de membre du comité ; son état de santé ne lui permet plus de participer à notre activité. Le Comité a décidé de le nommer membre honoraire pour marquer sa gratitude envers les nombreux et brillants services qu’il nous a rendus depuis 45 ans. Je rappelle qu’il a été président de 1921 à 1924 et de 1931 à 1933. Il conservera son mandat de membre des Commissions des Fonds Plantamour et Turrettini et du Fonds auxiliaire de la Bibliothèque publique. M. Borgeaud a bien voulu accepter de remplacer M. Bernoud dans ses fonctions d’archiviste. J’adresse un message de reconnaissance de votre part à M. Bernoud. La Société académique lui doit plusieurs initiatives fécondes et ne l’oublie pas dans sa retraite.

Votre président a été invité à rencontrer les professeur Alex. de Muralt à l’issue d’une conférence donnée à l’Université sur le Fonds national. D’utiles contacts ont été pris à cette occasion.

Nous avons eu le regret de perdre plusieurs membres au cours de cet exercice. Ce sont :
Membres à vie : Professeur Albert Jentzer, Mme Mottu-Flournoy, Professeur Victor Martin, M. Albert de Roulet et M. Jean Morin.
Membres à cotisation annuelle : Professeur Charles Baehni, Dr Andrea Bezzola, Dr Edouard Schauenberg et Professeur Edgar Milhaud.

Nous adressons nos condoléances aux familles de ces disparus et à leurs amis.

De nouveaux membres se sont inscrits et notre trésorier vous en donnera les noms tout à l’heure.

La liste des allocations distribuées figurent sur la version imprimées de ce rapport.

Le Fonds ordinaire n’a pas été complètement utilisé, car Fr. 20.000 ont été réservés à l’intention du professeur Rütishauser pour l’achat imminent d’un microscope électronique.

Je termine cette énumération en adressant mes remerciements au trésorier, M. J.-J. Gautier pour sa gestion active et vigilante et à Mme Gérard Martin qui accomplit une tâche importante de secrétariat. M. Humbert a tenu la comptabilité et je lui exprime notre gratitude.

Nos allocations s’élèvent pour cet exercice à Fr. 78.768. Que penser d’une somme pareille lorsqu’on la compare au budget de l’Université ? Elle paraissait raisonnable et proportionnée jusqu’à ces dernières années, d’autant plus qu’il faut y ajouter plusieurs importantes collectes et des dons très larges.

Mais nous sommes habitués à des budgets du Fonds national de l’ordre de dizaines de millions, encore sont-ils insuffisants. On peut se demander si des allocations à l’échelle de celles que nous donnons sont encore valables. Pour répondre, voyons ce que vont être les conditions dans ces Universités de demain, en reconnaissant par avance la fragilité de ces prévisions. On peut se baser sur un doublement du nombre des étudiants dans les dix prochaines années. Genève passera ainsi de 4.500 à 9.000.

Selon le rapport de la Commission Labhardt, cet accroissement d’étudiants entraîne celui du corps enseignant dans des proportions élevées. Entre les effectifs de 1962 et ceux de 1975, on doit compter 68% d’accroissement pour toutes les facultés et même 79% en sciences (pour toute la Suisse). Les collaborateurs scientifiques devront augmenter de 87% et les collaborateurs techniques et administratifs de 109%.

Les besoins de la recherche vont non seulement en augmentant mais en se renouvelant continuellement. Ce fait n’est pas imputable à l’augmentation de l’effectif des étudiants mais aux découvertes accélérées en médecine et en sciences. La recherche moderne est couteuse et exigeante même dans les sciences morales. Prenons comme exemple la recherche sociologique avec ses enquêtes, leur dépouillement et l’emploi de machines calculatrices. Il n’est pas jusqu’à la recherche bibliographique qui ne s’adapte à ces méthodes, qu’elles portent sur les sciences, les arts ou la théologie. L’aide fédérale est promise en principe et va apporter un appui indispensable aux cantons pour développer l’enseignement supérieur. Si les perspectives sont aussi vastes et le prix de la recherche aussi démesurément élevé, que pouvons-nous faire à l’échelle de nos revenus ? Deux réponses s’imposent. Tout d’abord, nous devons accroître notre fortune et nos ressources. Sur ce plan, au cours des années passées, nos banquiers ont accompli un travail fructueux. Vous en avez été régulièrement tenus au courant. L’an dernier encore, deux fonds nouveaux ont accru notre fortune. Nous pouvons espérer voir ce patrimoine s’accroître dans l’avenir.

Ensuite, il faut dépenser nos ressources à la mesure de celles-ci, avec discernement. Il y aura toujours, dans nos facultés, de l’aide à apporter à l’échelle de l’homme, à celle du chercheur auquel il manque cruellement peu de chose pour achever sa recherche, à l’étudiant pour combler un déficit budgétaire, au professeur pour élever le niveau de son enseignement.
Notre tâche consiste donc, par votre intermédiaire, Mesdames et Messieurs, à attirer l’attention sur notre activité afin d’apporter l’aide efficace au moment où il le faut.
Les grands crédits officiels viendront assurer l’essentiel. Les cantons universitaires et Genève en particulier l’ont bien montré. Nous pouvons, en connaissance de cause, rendre hommage au Département de l’instruction publique et à son président, pour sa compréhension face au développement de nos enseignements. Mais il faut rappeler aussi que des aides comme celle du Fonds national appellent des besoins nouveaux.

L’énumération de nos allocations pour 1963/64 vous a montré comment nos ressources peuvent aider, encourager et stimuler. Elle me dispense de plus longues conclusions,