Rapport annuel de la présidence 1972-1973

Philibert LACROIX, président
19 novembre 1973

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Avant de passer en revue l’activité de notre Société lors du dernier exercice, je voudrais tout d’abord rappeler la mémoire de ceux de nos membres que la mort a frappés dans le courant de cette année ; ce sont : M. Louis Bernard, Mme Augustin de Candolle; MM. Georges Chalier, Henri Delarue, Maurice Ferrier, André Fontana, Michel Heilperin, Wemer Jadassohn, Erich-Hans Kaden, Paul Logoz, Alfred Monod, Mme Jules Pallard, MM. Raoul Perret, Philippe Privat, Charles Rouiller, Oreste Tempia et Robert Wahl.

Permettez-moi de souligner plus particulièrement la grande perte qu’a représentée pour l’Université le décès subit de son recteur, le professeur Charles Rouiller. Dès son vice-rectorat, le professeur Rouiller s’était attelé avec tout l’enthousiasme et l’énergie qui lui étaient propres à connaître dans ses moindres détails la maison dont il allait avoir la responsabilité. En pleine période de transition, les problèmes ne manquaient pas. Mais le dynamisme et la chaleur communicative du nouveau recteur devaient lui permettre de trouver, par un travail acharné, des réponses à beaucoup de questions, des solutions à bien des problèmes. C’est à une véritable mission qu’il s’était donné, à laquelle il s’est consacré jusqu’à son dernier souffle. Nous exprimons à sa famille, notre très profonde reconnaissance.

Je voudrais évoquer également le souvenir du professeur Paul Logoz qui a formé tant de volées d’étudiants en droit. Tous ceux qui ont eu le privilège de suivre ses cours se souviendront toujours de la clarté et de la vivacité de ses exposés. Dix ans passés au Tribunal fédéral n’ont pas empêché le professeur Logoz de poursuivre la préparation, puis de publier son monumental commentaire du Code pénal suisse, Code à la préparation duquel il a consacré toute son énergie et son intelligence pendant de nombreuses années, illustrant ainsi dans toute la Suisse notre Université et Genève. J’adresse et votre nom à Mme Paul Logoz, ainsi qu’à sa fille, Mme Thérèse Schlaepfer-Logoz notre très vive sympathie.

Le professeur Logoz a tenu à manifester une dernière fois son attachement à notre Alma Mater et à notre Société en léguant une somme de cinquante mille francs, qui augmentera d’autant le Fonds des publications de la Faculté de Droit qu’il avait généreusement créé il y a quelques années, sans nous permettre alors de révéler son nom, Qu’il en soit ici remercié très sincèrement.

Notre reconnaissance va également à Mme Marc Seidl-Hentsch qui a fait preuve cette année d’une grande générosité à l’égard de notre Société en lui faisant don d’ure somme de deux cent cinquante mille francs qui constituera un Fonds destiné à subventionner des travaux de recherches dans les domaines de la science, plus particulièrement dans les secteurs où une découverte majeure pourrait apporter des espoirs de guérison à des maladies jugées incurables, ou une amélioration aux conditions de vie. Je remercie en votre nom Mme Marc Seidl-Hentsch de ce geste qui continue une longue tradition familiale.

Pendant l’exercice 1972/73, |e montant des allocations et subsides accordés, tant en revenus qu’en capital a atteint un nouveau record, soit Fr. 276’590,85. La liste des subsides accordés se trouve dans le document imprimé de ce rapport.

A cette liste s’ajoutent encore les quatre prix de Fr. 1’250,- chacun, remis par le Fonds Gillet Voyages, aux lauréats sortis premiers aux examens de maturité : Mlle Isabelle Dufour en section classique ; M. Jean-Luc Bertholet en section latine ; Mlle Marguerite Roquette   en section moderne et M. Rolf Frischknecht en section scientifique.

1973 n’est pas seulement l’année du record de nos allocations, C’est aussi la date d’adoption de la nouvelle loi sur l’Université, dont es projets primitifs, largement amendés, remontent à plusieurs années. Dire qu’elle a réuni tous les suffrages – sauf au Grand Conseil – serait exagéré. Prétendre qu’elle a tous les défauts est également inexact. Issue d’un compromis propre à toute démocratie, elle n’en présente pas moins certains critères positifs, en particulier:

– des objectifs précis ;

– des précisions sur les rapports entre l’Université et l’Etat ;

– le principe de l’autogestion de l’Université ;

– les modalités de l’insertion de l’Université dans la société ;

– les structures générales de l’Université ;

– le principe de la participation.

Je retiendrai votre attention essentiellement sur le rectorat : c’est lui qui est l’organe exécutif de l’Université; de la qualité de son activité dépendent dans une large mesure le présent et l’avenir de notre Alma Mater. Le nouveau rectorat comprendra dorénavant cinq membres : le recteur, trois vice-recteurs et le directeur administratif. Il manque toutefois actuellement deux vice-recteurs, et cela rend le travail des actuels recteur et vice-recteur véritablement accablant. Il semble que cette situation ne se normalisera que lors de l’entrée en vigueur du règlement d’application de la nouvelle loi, auquel l’Université consacre tous ses efforts, mais qui ne sera vraisemblablement prêt qu’en juin prochain. C’est ici l’occasion de rendre hommage au travail considérable accompli par M. Ernst Heer, alors vice-recteur au sein de la Commission de développement de l’Université, qui place celle-ci en tête des Universités suisses dans le domaine des prévisions à moyen et à long terme du développement de nos Hautes Ecoles. Tout récemment, la présidence de cette commission a été confiée à M. Albert-E. Renold, vice-recteur, qui s’est déjà dévoué sans compter à la tête de la Commission administrative universitaire, tâche difficile si l’on songe aux problèmes posés par des amputations budgétaires successives, non seulement quantitatives, mais également qualitatives, empiétant ainsi sur le principe de l’autogestion partielle de l’Université, ct posant par là de graves problèmes de conscience au rectorat.

Ces quelques remarques soulignent l’ampleur des problèmes et des tâches de notre exécutif universitaire. Je formule le vœu que notre rectorat trouve sans délai les deux nouveaux vice-recteurs qui lui sont indispensables pour mener une tâche actuellement écrasante, l’exemple du recteur Charles Rouiller nous le rappelle.

Cela, et l’adoption d’un règlement d’application bien pensé de la nouvelle loi, permettra à notre Université d’affronter avec plus de sérénité un avenir conditionné notamment par un droit aux études généralisé, impliquant un contrôle sévère de celles-ci.

Votre comité regrette toutefois vivement que la « Conférence académique « instituée par la nouvelle loi ne soit composée que de représentants de l’Université et de personnes nommées par le Conseil d’Etat et le Grand Conseil.

Il aurait été judicieux, nous semble-t-il, de réserver une place à un représentant de la Société Académique, en raison de l’intérêt qu’elle porte aux problèmes de l’Université, intérêt qui s’est déjà manifesté avec efficacité au sein du Conseil académique, par l’entremise de notre représentant, M. André Fatio.

Ce rapport de nos activités serait incomplet si je ne remerciais mes collègues du comité, de même que le directeur administratif et le secrétaire général de l’Université de leur appui tout au long de cette année. Mme Elisabeth Gervasoni, secrétaire administrative, qui m’a très efficacement aidé, nous quitte pour se consacrer à un travail à plein temps pour lequel je lui adresse nos meilleurs vœux.