Rapport annuel de la présidence 1974-1975

Alain DUFOUR, président
5 novembre 1975

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Au cours de l’exercice écoulé, nous avons eu le chagrin de perdre plusieurs membres, décédés. Ce sont : M. Hugo Firmenich, membre bienfaiteur, Mmes Pierre Gysin, Louise Segur, Charles Zanello, MM. Marcel Bader, François Bouchardy, Henry Brantmay, Gaspard Cavallero, Jean Deshusses, Roger Fischer, Fernand Fournier-Marcigny, Max Gamper, Marcel Gysin, Arnold Hoechel, Bronislaw Kolberg, Wemer Lier, Georges Lombard, Henri Reverdin, Walter Yung.

Mme Pierre Gysin a légué Fr. 10’000.- à notre Société, qui a reçu également un don de MM. Pictet & Cie, cependant que M. et Mme Fernand Dumahu ont continué à accroître le fonds médical qu’ils ont récemment créé. Nos remerciements sincères vont à la générosité de ces donateurs.

Au cours de cet exercice, notre Société a pu répondre positivement à la majorité des demandes qui lui étaient présentées, allouant en tout Fr. 211’915. Le détail des subventions se trouve dans la version imprimée du rapport. A ces allocations s’ajoutent cinq prix de Fr. 1’000 décernés par le Fonds Gillet Voyage aux porteurs des premières maturités du collège.

De l’université, nous n’avons que bonnes nouvelles à transmettre : comme chacun le ait, le bâtiment Uni II est maintenant entièrement occupé par le haut enseignement, ce qui a permis d’utiles redistributions de locaux dans les facultés des sciences humaines qui étaient le plus à l’étroit. Le service de presse et d’information de l’Université a repris vie, et de nouveaux bulletins d’information se préparent et paraîtront prochainement. Le rectorat a élaboré un très intéressant programme pour les quatre années à venir, où sera expérimenté, avec doigté et modération, une innovation dont on parle beaucoup : l’accès à l’Université ouvert à des personnes qui ne portent pas de certificat de maturité, mais qui ont donné la preuve d’ure formation autodidacte vraiment efficace.

Il nous reste un devoir très agréable, celui de remettre le prix de la Fondation Marie Schappler au lauréat que votre comité a désigné. Ce fonds a pour but de récompenser un travail sur la morale dans les institutions ; or aucun travail n’ayant été présenté à la commission ad hoc, le comité de la Société académique, conformément aux dispositions de la testatrice, a désigné lui-même un lauréat dont les travaux ont marqué le domaine indiqué par la fondatrice. Votre comité a donc choisi de décerner ce prix, qui se monte cette fois à Fr. 10’000,-, au professeur Edmond Beaujon, pour son œuvre et son enseignement. M. Beaujon a enseigné le grec aux classes supérieures du collège, et a écrit de beaux livres sur les héros homériques et sur plusieurs sujets touchant à l’actualité de l’humanisme, dans notre monde moderne. Nombreux sont ceux, ici, qui ont reçu de M. Beaujon un enseignement qu’ils n’oublient pas, car en enseignant le grec, M. Beaujon avait l’art de faire apprécier la beauté des vers d’Homère et de Pindare, le sens et la perfection des poètes anciens et modernes. A côté de Platon, il lisait, et avec quel talent, Ramuz et Giraudoux, pour faire comprendre aux adolescents la permanence de la beauté, de l’idéal du citoyen accompli, de l’homme qui sait donner à sa vie le sens de la qualité. Un tel message est difficile à transmettre : M. Beaujon y parvenait avec une rare élégance, Ce prix que nous lui remettons aujourd’hui n’est qu’un signe – car en effet, le sens de la qualité n’a, précisément, pas de prix.