Rapport annuel de la présidence 1977-1978

François NAEF, président
29 novembre 1978

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Au cours du 90e exercice, nos rangs hélas se sont éclaircis. Permettez-moi, comme c’est l’usage, de rappeler le décès de deux membres bienfaiteurs : Madame Richard Pictet et Monsieur Henri Brolliet et de plusieurs membres à vie: Monsieur Claudius Terrier et Monsieur Eugène Bujard, tous deux anciens recteurs, de Messieurs Robert Bouvier, Georges Dainow, Marcel Jenny, Jean-Gabriel Zanetta, André Lenoir, Robert Montant, Manlio Sancisi, Roger Voiridel et le Professeur J. J. Moser.

De plus, votre comité a été tout récemment frappé par la perte de l’un des siens. Monsieur Marc-Auguste Borgeaud, entré à la Société Académique en 1937, élu membre du comité en 1939. Dès cette date, il n’a pas cessé de se dévouer à la cause dc notre société. Il en fut le Président pendant 3 années, de 1953 à 1956.

Certes des liens affectifs le liaient à la Société Académique, puisque son père en avait été le fondateur en 1888. Mais son attachement avait encore des motifs plus profonds. La haute idée qu’il se faisait de la Cité et de ses institutions et tout spécialement de l’Université et de la Bibliothèque publique, dont il fut le directeur, lui ont permis de remplir ses fonctions avec un grand dévouement. Il a mis au service de notre Société son érudition, son esprit concret et son souci constant des choses bien faites. Nous rendons hommage à sa mémoire.

Nous avons reçu d’un généreux anonyme un legs de Fr. 687’503,25 qui a permis de créer un Fonds de Médecine et de Biologie. Nos banquiers, MM. Pictet & Cie ont donné Fr. 5’000,- et feu M. Robert Bouvier la somme de Fr. 300,-.

À ces généreux donateurs, nous adressons nos remerciements et nos sentiments de reconnaissance.

S’intéresser concrètement à l’Université est l’une des raisons de l’appartenance à la Société Académique et nous sommes heureux de constater combien, année après année, nous continuons de recevoir des dons importants, nous permettant de pouruivre notre activité.

Le montant total que votre comité a pu verser en allocations pendant l’exercice écoulé s’élève au chiffre record de Fr. 406’ 806,60. Le détail se trouve sur la forme imprimée de ce rapport. Ainsi la totalité des allocations ou subventions accordées dépasse la somme de Fr. 400’000,-. Ces subventions ont été financées à raison de Fr. 316’887,- par nos revenus réguliers, et pour le solde, par un prélèvement sur les réserves que nous avons pu accumuler au cours des années précédentes.

Pour l’exercice annuel qui s’est terminé le 30 septembre 1978, le revenu global de nos placements a atteint Fr. 398’960,-, ce qui représente un rendement de 4,2% sur nos actifs. Comme je viens de vous l’expliquer, nos revenus disponibles sont cependant moins élevés que ces derniers chiffres, car il faut en déduire les réserves statuaires que nous sommes tenus de constituer (Fr. 46’352,-) et nos frais généraux (Fr. 15’806,-). En revanche, nos revenus nets comprennent en plus les cotisations de nos membres (Fr. 5’085,-) et le versement annuel de Fr. 5’000, de MM. Pictet & Cie.

Il convient également de donner quelques indications sur l’évolution du patrimoine de notre Société. Après 3 années de hausse consécutive, le capital a enregistré une moins-value de 8,6% au cours de l’année passée. Ce résultat, certes décevant, est cependant compréhensible si l’on réalise que pendant la période passée en revue, le marché des actions suisses a baissé dans son ensemble de 6,3% et que le Dollar, le Deutsche Mark et le Florin ont perdu, par rapport à la monnaie, 34%, 21% et 23 %, respectivement.

Notre activité n’en a guère été affectée puisque, comme vous avez pu vous en rendre compte, le montant des revenus et des subventions accordés n’avait jamais été aussi élevé.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, si notre société a partiellement été sollicitée, c’est que l’Université se trouve, comme bien d’autres institutions à l’heure actuelle, confrontée à des problèmes de budget.

Nous sommes heureux que notre Société, dans une certaine mesure, puisse aider tel institut, tel laboratoire, tel professeur ou tel étudiant, à compléter, un programme ou un travail qui sans cela aurait dû être interrompu.

Il est évident que nous entrons dans une période difficile pour les uns et les autres et que l’Université, dont le nombre d’étudiants a doublé en 10 ans, doit aussi adapter sa gestion aux circonstances.

C’est avec beaucoup de compréhension mais avec peine aussi, que votre comité a assisté de loin, aux événements qui ont entouré l’élection du recteur.

Nous n’y voyons certes que les signes d’une maladie d’enfance des structures de l’Université mais il faut se rendre compte de la charge déjà lourde que représente la gestion administrative de notre Alma mater. Quand en plus surviennent des accidents de parcours, les forces humaines n’y suffissent plus.

Certains ont payé de leur vie cet effort supplémentaire et il est important de s’en souvenir.

Les milieux universitaires déplorent que la loi fédérale sur l’aide aux Hautes Ecoles et la recherche n’ait pas trouvé grâce aux yeux de l’électorat suisse (bien qu’à Genève le vote ait été positif.

La Société Académique n’a pas pris position, ce n’est pas son rôle.

S’il devait exister un certain fossé entre le monde Universitaire et la Cité, elle s’emploierait à le combler, Nous souhaitons que, consciente de ses limites, l’Université se présente sous le meilleur jour à l’opinion publique. Rouage indispensable de notre pays, il faut que ses mécanismes soient constamment huilés et bien réglés. C’est à ce prix que la cité consentira les sacrifices indispensables qui sont requis pour maintenir le haut niveau de l’enseignement et de la recherche.

L’orateur de ce soir, membre très actif de la Société Académique, a plaidé publiquement devant les Chambres le dossier de l’Université. Votre comité s’associe pleinement à ses démarches. Il sait que les autorités universitaires font tout pour mériter cette confiance.

Nous en venons au renouvellement du comité. Le mandat de plusieurs membres étant arrivé à échéance, ceux-ci acceptent de le voir reconduit. Il s’agit de MM. Guy Demole, Gilles Colomb. André Fatio, Roger Firmenich, Roger Helg, Auguste Lombard, Paul Waldvogel et François Naef.

Pour mieux assurer encore ses liens avec l’Université, votre comité a souhaité s’adjoindre un nouveau membre, en la personne de Monsieur le Professeur Gérard de Haller que nous sommes heureux de pouvoir accueillir parmi nous.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, avant de remettre le prix de Ia Fondation Marie Schappler aux deux lauréats que votre comité a désigné, M. Le Professeur Carlo Trombetta et M. Denis de Rougemont, je souhaite terminer cette partie statuaire en donnant la parole au vérificateur de comptes.

Nous avons en effet jugé avec votre trésorier que vous aviez entendu suffisamment de chiffres pour vous épargner un nouveau rapport financier.

Pour conclure, je tiens à remercier mes collègues qui m’ont rendu la tâche singulièrement aisée, ainsi que notre secrétaire Madame Empeyta. En votre nom à tous, je désire remercier également Monsieur Alain Dufour notre ancien président, en rappelant la distinction du Dr. honoris causa qui lui a été conférée en juin dernier, par la Faculté de Théologie.