Rapport annuel de la présidence 1984-1985

Mesdames et Messieurs,

Mon premier devoir et plaisir en ouvrant cette 97″ Assemblée générale de la Société Académique est de remercier chaleureusement les membres de notre Comité et des diverses commissions pour le travail accompli au cours de cette dernière année, avec le constant souci de gérer au mieux et de distribuer équitablement les revenus de nos divers fonds, conformément à l’objectif de la Société qui est, rappelons-le, de contribuer au développement de l’enseignement et de la recherche à l’Université.

En consultant le rapport d’activité que nous vous avons envoyé, vous y trouverez la liste des bénéficiaires de subsides ainsi que l’usage qui en a été fait. Une fois de plus vous constaterez que les crédits attribués par exemple à la faculté de médecine sont essentiellement destinés à subventionner un équipement de laboratoire de plus en plus onéreux, composé surtout de spectrophotomètres, d’appareils de chromatographie, et de super centrifuges, ces dernières si nombreuses qu’un membre de votre Comité me demandait s’il y avait encore de la place pour les malades à l’Hôpital cantonal.

Face à cette constante fringale d’équipement de laboratoire onéreux, vous pourriez penser que les frais de son acquisition devraient incomber plutôt à l’Etat ou au Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique qu’à notre Société. Or il se trouve que lâ Société Académique a un rôle particulièrement important à jouer dans la réussite de nombreux projets de recherche, surtout en période de vaches un peu maigres, en collaborant avec les sources dites non privées. Ainsi dong j’aimerais brièvement illustrer ce rôle positif par deux exemples récents :

  1. Grand expert de certains problèmes métaboliques qu’il étudie chez l’animal depuis de nombreuses années, ce professeur de physiologie de Genève rencontre récemment un collègue enseignant la même discipline en

Tasmanie (île voisine de l’Australie). Ce dernier s’intéresse à un problème dramatique et fascinant, touchant aussi nos régions, celui de la mort soudaine et jusqu’ici inexpliquée survenant au cours de leur sommeil, chez des jeunes enfants apparemment en pleine santé.

Certains aspects physiopathologiques de cette mort soudaine en relations avec la structure des diverses phases du sommeil, sont particulièrement étudiées en Tasmanie, alors que l’évaluation continue au cours du sommeil de paramètres métaboliques importants sont étudiés avec grande précision à Genève. Bref, de cette rencontre naît un projet centré sur une nouvelle approche expérimentale du sujet réalisable par la collaboration de deux laboratoires situés respectivement aux antipodes l’un de l’autre.

Grâce à l’aide de son université le collègue tasmanien est assuré de pouvoir passer quatre mois par an à Genève où toutes les conditions pour que ce travail débute au plus tôt sont réunies, à l’exception toutefois d’un appareil indispensable qui est un analyseur magnétopneumatique d’oxygène. L’achat de cet appareil est rendu possible grâce à une subvention généreuse de votre Société et le travail peut démarrer.

Voici rapidement un second exemple de subvention en faveur cette fois-ci d’un projet qui se présente comme une expérience dans un domaine particulier de l’enseignement médical :

  1. On observe actuellement aux USA ainsi qu’en Europe de l’ouest, que les médecins non-psychiatres sont très souvent le premier contact de patients présentant des problèmes psychiatriques. En Suisse par exemple

il s’avère que plus de 909% des déprimés ne sont pas traités par le psychiatre mais par le médecin de famille, et ces médecins non psychiatres ressentent le besoin d’une formation complémentaire dans cette discipline. Ce problème a intéressé à Genève certains responsables de départements de médecine et de psychiatrie et a rencontré l’intérêt et le soutien de l’OMS.

Un groupe de travail formé également de collègues d’hôpitaux anglais a mis au point un programme court, utilisant des moyens audiovisuels, destiné à l’enseignement de Ia prise en charge de malades dépressifs. En outre, il faut le souligner, les résultats de cette expérience d’enseignement seront évalués en comparant les connaissances d’un premier groupe ainsi formé à celles d’un groupe contrôle, n’ayant pas bénéficié de cet enseignement. Il s’agit donc d’une forme de recherche destinée à évaluer l’efficacité didactique d’une nouvelle technique et non seulement de l’instauration d’un enseignement classique supplémentaire. C’est cet aspect expérimental de la requête qui a convaincu votre Comité de contribuer avec d’autres instances sollicitées, à la réalisation de ce projet en subventionnant la préparation de vidéo cassettes didactiques dont le financement n’était assuré par aucune des institutions mentionnées.

Ces deux exemples contribueront à illustrer je l’espère le rôle joué par la Société Académique au sein de Ia Faculté de médecine ainsi que des autres facultés de notre Université qui bénéficient, je peux vous l’assurer, du même traitement.

Venons en maintenant au rapport de notre trésorier, déjà vérifié par nos contrôleurs de comptes, qui nous apprend ce qui suit :

L’ensemble des patrimoines gérés représente aujourd’hui Fr. 12’244’566.-. Les revenus de l’exercice se sont montés à Fr. 642’357.-. De ce montant ont déjà été déduits les versements aux réserves statutaires de Fr. 94’393.- et une somme de Fr. 40’550.- en faveur du Fonds du Centenaire.

Par ailleurs, les cotisations se sont élevées à Fr. 17’655.-. Ce haut niveau s’explique par la campagne de relance effectuée auprès de nos membres. D’autre part, un don de Fr. 30’000.- en mémoire de feu M. Bernard

Naef, nous a été fait par ses enfants que nous tenons à remercier ici.

Enfin, notre reconnaissance va à quatre nouveaux membres bienfaiteurs : Me Bernard Junet, MM. Denis de Marignac et Pierre Mirabaud, ainsi que la maison Baumann & Jeanneret.

Les allocations décidées au cours de l’exercice 19841985 se sont montées à FS 486’697.-. La différence entre les revenus disponibles et les allocations s’explique par les taux élevés des intérêts sur les obligations en portefeuille.

En dépit de ces nouvelles rassurantes, le Comité, soucieux de voir votre Société capable de remplir ses obligations, vous propose d’élever le montant des cotisations à Fr. 50.- par an pour les membres ordinaires, à Fr. 500.- pour les membres à vie et à Fr. 5’000.- pour les membres bienfaiteurs.

Quant au Comité nous avons dû accepter avec regret les démissions de MM. Christian Koechlin et François Naef, notre ancien président, que j’aimerais remercier ici de leur dévouement à notre Société. Pour les remplacer, nous vous proposons MM. Charles Bünzly et Jean-Louis Fatio, et, avec votre accord, M. Renaud Gagnebin remplacera à la trésorerie M. Alain Peyrot qui lui, siégera au comité.

Finalement, les mandats d’un certain nombre de membres du comité viennent à échéance, il s’agit de MM. Roger Firmenich, Gérard de Haller, Roger Helg, Ronald Mermod, Alain Perrot et Alain Peyrot. Ces membres étant rééligibles, je vous propose de renouveler leur mandat.

J’ai maintenant le plaisir de vous annoncer que le Prix Marie Schappler a été accordé à M. Giovanni Busino. M. Giovanni Busino enseigne la sociologie générale à l’Université de Lausanne et la sociologie historique

à la Faculté des Lettres de Geneve. Son enseignement, orienté vers l’épistémologie et vers la théorie de l’histoire, vise à une compréhension générale et renouvelée de nos sociétés, de leur passé et de leur devenir. Ainsi conçue

Ia sociologie s’élève au-dessus des descriptions et des statistiques, elle devient une réflexion sur le destin de l’homme, sur les circonstances qui le façonnent, et sur les aspirations morales qui le libèrent. M. Busino a publié

les œuvres complètes de Vilfredo Pareto (24 volumes), il a créé une revue : les Cahiers Vilfredo Pareto ou Revue Européenne des Sciences Sociales.

Son œuvre d’essayiste est trop abondante pour être mentionnée ici ; ne citons que son dernier livre : Pareto, Croce les Socialismes et la sociologie, paru en 1983.

J’en arrive enfin à la partie la plus passionnante de notre assemblée annuelle, C’est-à-dire à la conférence du Professeur André Maeder qui a bien voulu venir vous parler d’un sujet d’astrophysique. Le conférencier qui est professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Genève, s’est fait une réputation internationale dans le domaine de l’astrophysique et sa conférence de ce soir s’intitule; ((Des explosions de supernovae à la formation du système solaire: l’extraordinaire histoire de la matière».

 

Pierre Maurice, président