Rapport annuel de la présidence 1985-1986

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Avant de vous entretenir des activités de votre comité au cours de ce 98è exercice, je tiens à rendre hommages à la mémoire de M. Jean-Jacques Gautier, qui, en qualité de président et de trésorier de la Société académique, s’était dévoué sans compter avec l’enthousiasme qui le caractérisait. J’aimerais également que, sans les désigner nommément, nous ayons une pensée pour les membres de notre Société décédés depuis notre dernière assemblée générale.

En abordant maintenant le rapport de notre activité au cours de la période 1985-1986, je désire avant toute chose remercier chaleureusement les membres de notre Comité et notre secrétaire sans le concours de qui rien de ce que vous lisez dans le traditionnel fascicule que vous avez reçu n’aurait pu être réalisé. Vous y verrez comment les fonds qui nous ont été confiés ont été gérés et utilisés avec le souci constant de contribuer au mieux et dans la mesure de nos moyens au développement de l’enseignement et de la recherche à l’Université de Genève. Sans entrer dans les détails des allocations de subsides qui figurent toutes dans ce rapport, je pense néanmoins opportun de vous mentionner quelques faits saillants de ce dernier exercice. Le Fonds Charles Bally dont s’occupe si activement M. Olivier Reverdin, a organisé sa 6è conférence à l’occasion de laquelle le professeur Jean Rychner de Neuchâtel nous a entretenus de « L’Expression des pensées dans le récit au XIIè siècle ». Les textes  de ce cycle de six conférences qui s’inscrivent dans la tradition de l’illustre donateur ont été publiés. Lors de la conférence tenue en juin 1986, deux Prix Charles Bally ont attribués respectivement à Mme Catherine Trümpy et à M. René Amacker. Enfin, désireux de contribuer à assurer la relève dans ce domaine culturel à l’Université, une bourse a été offerte à M. Paul Schubert afin de poursuivre des études de papyrologie à Oxford ainsi qu’à M. Olivier Collet pour suivre à Paris l’enseignement de l’Ecole des Chartres dans le but d’y étudier le français médiéval.

D’autres part, dans le contexte du 450è anniversaire de la Réforme, la Société académique a financé la publication du Psautier Huguenot ainsi que le catalogue de l’Exposition à la Salle Lullin. Si personne d’entre vous n’a l’idée de trouver déraisonnable les attributions que je viens de vous énumérer, il n’en va peut-être pas de même de certains subsides très importants alloués à la Faculté de Médecine dont surtout le dernier en date, d’un montant de Fr. 80’000 pour participer à l’achat d’un complexe d’appareils destinés, comme disent les scientifiques, à synthétiser et é « séquencer » des protéines et des acides nucléiques, appareils dont le prix total est de Fr. 1’250’000. Sans entrer dans le détail de ce problème qui fait l’objet d’un article du professeur Robin Offord dans notre rapport annuel, j’aimerais néanmoins contribuer à transmettre son message qui est en substance le suivant : si la faculté de médecine veut éviter de devenir médiocre dans cinq ans et totalement nulle dans dix, elle doit se doter des appareils aux noms barbares que j’ai cités plus haut. Les progrès technologiques de certaines sciences sont de plus en plus rapides et la réalité des besoins en équipement sophistiqué n’échappe pas aux responsables qui désirent que leur faculté demeure dans la course. De quoi s’agit-il ? En deux mots, on peut dire que malgré la diversité de leurs activités, les systèmes vivants n’utilisent essentiellement qu’un seul type d’instrument cellulaire, les protéines, dont la structure et par conséquent, les fonctions sont déterminées par une information essentielle qu’on appelle génétique, et qui est présente dans les chromosomes sous la forme d’acides nucléiques dont il faut arriver à comprendre le langage. Etudier la structure ainsi que la fonction des protéines et des gènes est devenu une exigence cruciale dans la compréhension de certains désordres cellulaires qu’il s’agit de corriger, surtout lorsque ces désordres conduisent au cancer.

C’est pour atteindre cet objectif que ces appareils particulièrement onéreux sont nécessaires car ils permettront la synthèse de certains acides nucléiques et de certaines protéines que l’on pourrait donc qualifier d’artificiels : ils permettront aussi le déchiffrage des séquences d’unités chimiques qui les composent, ce que l’on appelle en jargon scientifique « séquençage ». J’espère par ce discours peut-être un peu hermétique, vous avoir démontré que la Société académique se partage entre les sciences du passé et les exigences technologiques du futur, en s’associant pour cela, bien entendu, à des nombreuses autres sources de financement, pour doter non pas un chercheur seulement mais l’ensemble de la Faculté de médecine, d’un matériel qui lui permettra de rester compétitive.

Venons-en maintenant au rapport de notre trésorier qui nous dit que l’ensemble des patrimoines gérés représente un montant de Fr. 13 364 954. Les revenus de l’exercice se sont montés à Fr. 493 487. De ce montant ont été déduits les versements aux réserves statutaires de Fr. 68 919 et une somme de Fr. 29 350 en faveur du Fonds du Centenaire. Les allocations décidées au cours de l’exercice 1985-1986 se sont montées à Fr. 523 100. les cotisations se sont élevées à Fr. 25 945.

Pour compléter ces informations de notre trésorier, je vous signale que le Fonds Académique No 2 qui avait été créé en 1973 par un don anonyme de Fr. 400 000, sera désormais personnalisé et portera le nom de Fonds Benjamin et Eric Henneberg. En outre, j’aimerais remercier M. Augustin Lombard, ancien président, d’être devenu membre bienfaiteur.

En vertu de la décision prise le 23 janvier 1986 lors der la dernière assemblée générale, les cotisations ont été augmentées, elles sont de Fr. 50 par an pour les membres ordinaires et une cotisation unique de Fr. 500 pour les membres à vie et Fr. 5 000 pour les membres bienfaiteurs. D’autre part, le Conseil d’Etat a bien voulu accepter que la Société académique sur la liste des personnes morales  d’utilité publique visées par l’article 21 u LCP, c’est  dire que dès le 1er janvier 1987, pour les prestations bénévoles à des personnes morales qui ont leur siège ou un établissement dans le canton et qui poursuivent un but culturel, social, humanitaire ou de protection de la nature, le département des finances et contributions déduit, de l’ensemble des revenus bruts effectivement réalisés par les contribuables ou fixés par évaluation, la partie de leur montant comprise entre 2% et 7% du revenu net.

Enfin, conformément aux statuts de notre Société, il fallait nommer un troisième vérificateur aux comptes, ce que nous avons fait en confiant cette responsabilité à M. Nicolas Pictet que nous tenons à remercier.

Au comité, nous avons dû accepter avec regret la démission de M. Alain Peyrot et de M. Georges Perréard, ce dernier ayant à deux reprises assumé un mandat de président de la Société. Qu’ils soient remerciés de tout le travail qu’ils ont fait pour nous. Pour remplacer ces deux membres démissionnaires nous n’avons, pour le moment, qu’un candidat à vous proposes, il s’agit de M. Robert Roth, professeur à la Faculté de Droit de notre Université, à qui nous souhaitons une chaleureuse bienvenue.

Finalement, je dois vous signaler que les mandats d’un certain nombre de membres du comité viennent à échéance, ce sont ceux de M. Alain Dufour, Philibert Lacroix, Raymond Racine, Olivier Reverdin et Pierre Maurice. ces membres étant rééligibles, je vous propose de renouveler leur mandat.

Enfin, en achevant ce rapport du 98è exercice, j’ai le plaisir de passer la présidence de notre Société au professeur Gérard de Haller, que je remercie en votre nom d’avoir accepté ce mandat et à qui je souhaite autant de plaisir dans l’exercice de cette fonction que j’en ai eu moi-même.

Pierre Maurice

Président