Rapport annuel de la présidence 2001-2002

Comme tous ceux qui ont la chance d’avoir des fortunes à faire fructifier, la Société académique de Genève a vu ses moyens fondre sensiblement durant cette année peu favorable aux performances boursières. Cependant, si les moyens matériels sont incontestablement nécessaires à notre action, l’essentiel réside dans l’usage qu’on en fait. Or dans les circonstances actuelles, et plus que jamais, il importe de rester fidèle aux intentions des donateurs, fût-ce avec des moyens réduits.

Forum

La première phase du Forum de l’Université s’est achevée avec succès. « Racisme et tolérance » constitua tout au long de ces trois années une excellente problématique, on est bien évidemment peiné de devoir le reconnaître, mais il vaut mieux regarder le monde en face lorsqu’on est à la recherche de sujets brûlants. Le public est venu régulièrement aux conférences qui lui étaient destinées, avec une préférence marquée et prévisible pour ceux des orateurs dont les médias avaient davantage célébré la gloire. Les étudiants de plusieurs facultés ont régulièrement suivi les séminaires interdisciplinaires sur la question, séminaires dirigés par des assistants placés sous la responsabilité des organisateurs, les professeurs François Dermange (théologie) et William Ossipow (SES) : ainsi, les rencontres prévues entre les grands orateurs et la relève ont pu avoir lieu. Un seul bémol, indépendant de la volonté des organisateurs : le professeur Walzer, une grande figure de l’université américaine, avait accepté de venir animer durant plusieurs mois la deuxième année du programme ; pour des raisons de santé, le projet n’a pu être mené à bien. Au moment de la rédaction de ce rapport, un volume est sous presse : intitulé provisoirement Racisme, libéralisme et les limites du tolérable, il portera témoignage de ces trois années de réflexion sur un sujet qui continue de nous défier. Ainsi, la Société académique de Genève aura-t-elle donné à l’Université les moyens de se manifester dans la cité par l’apport d’une réflexion significative sur l’actualité.

Fort de cette première expérience, le comité a proposé pour la deuxième phase du Forum un sujet en rapport avec l’éthique médicale, comme on a pu le constater à la lecture du dernier rapport. Le professeur Alexandre Mauron a constitué une équipe efficace, encadrée par un comité de pilotage auquel les membres de notre comité plus directement liés au Forum sont régulièrement invités, il s’est adjoint le docteur Philippe Chastonay, lequel consacre une partie de son temps à l’organisation matérielle des activités. Le programme de la première année a brillamment débuté, deux conférences ont eu lieu déjà, elles portaient sur le droit à la santé (14 novembre, Stephen Marks) et sur les dommages causés à la santé des enfants par leur utilisation dans le monde du travail (10 décembre, Alice Sorgho-Ouédraogo, accompagnée de deux intervenantes). Le public a vivement pris part aux échanges qui ont suivi ces exposés. Tout semble donc indiquer que la nouvelle étape du Forum, tirant parti de l’expérience de la précédente, sera un succès.

Rencontre des présidents

C’était une nouvelle fois le tour des Genevois d’organiser la rencontre annuelle des présidents de sociétés universitaires suisses sœurs de la nôtre. Elle s’est déroulée le 13 septembre 200. La rencontre a débuté dans notre local de la BPU par un échange d’informations réciproque qui fut prolongé par un excellent exposé du professeur Xavier Oberson, spécialiste de droit fiscal, sur la situation fiscale des fondations engagées dans le soutien de la recherche scientifique. Puis, après un désormais traditionnel détour par le Conservatoire de musique (où l’on entendit deux brillants élèves des classes professionnelles jouer la sonate pour flûte et piano de Francis Poulenc), et le repas pris dans la grotte du café Papon, nos invités purent visiter l’exposition spéciale de l’ »Espace Ami Lullin » consacrée à l’Escalade et à sa célébration, guidés de manière experte par monsieur André-Louis Rey. Le rectorat de l’Université était représenté par le professeur Eric Doelker, vice-recteur.

Fondation des archives Jean-Piaget

C’est notre collègue Nicole Fatio qui représente désormais la Société académique  dans le conseil de la Fondation des archives Jean-Piaget, et nous tenons à la remercier ici de sa disponibilité.

Renouvellement du comité

Le renouvellement du comité touche comme chaque année une partie de ses membres. En outre, nous prendrons acte de l’élection d’un nouveau membre qui fut présenté oralement lors de l’assemblée générale de 2002. Enfin, comme nous l’avions annoncé, nous élirons un nouveau président.

Membres :

Selon la règle qui veut que les membres du comité soient élus pour des mandats renouvelables de deux ans, les noms suivants vous sont présentés pour une nouvelle élection : Pierre BURI, Bertrand CRAMER, Jean-Michel DAYER, Alain DUFOUR, André HURST, Jaques NAEF, Hugues RENAUD. Observons au passage que si ce renouvellement prend des allures de club masculin, c’est que les trois collègues féminines de notre comité ont fait leur entrée simultanément voici trois ans : vous les avez réélues l’an dernier et, si elles acceptent de poursuivre leur tâche, leurs noms figureront sur la liste des candidates et candidats de l’an prochain.

 Nouveau membre :

Lors de notre dernière assemblée générale, nous avons élu comme nouveau membre du comité monsieur Frédéric NAVILLE, économiste et géographe, créateur de sa propre société de conseil d’entreprises (Polygone Engineering SA). Porteur d’un nom bien connu à Genève, ce diplômé de notre Université vient renforcer dans le comité la présence de membres « extérieurs », et ses compétences nous sont utiles pour l’examen des requêtes en provenance des sciences de l’homme et de la société. Nous prenons acte de son élection dans le présent rapport. Il appartient au groupe de celles et de ceux qui seront proposés l’an prochain pour un nouveau mandat de deux ans.

 Présidence :

Par le fait d’une succession de circonstances qu’il serait inutile et fastidieux de détailler, votre actuel président, signataire de ces lignes, aura exercé un mandat d’une durée exceptionnelle (1995-2003). Il profite par conséquent de l’occasion qui lui est offerte ici pour vous remercier de la confiance que vous lui avez régulièrement renouvelée. Le principe étant tout de même celui de l’alternance, nous avions déjà pu annoncer l’an dernier que le professeur Pierre BURI, pharmacologue et ancien doyen de la Faculté des sciences, actuellement vice-président, était disposé à prendre le relais. L’assemblée générale de 2003 pourra donc se prononcer sur cette proposition et nous remercions par avance notre collègue Pierre BURI de sa disponibilité.

Le futur président pourra, comme l’actuel, s’appuyer sur l’efficace collaboration de notre secrétaire, Madame Caroline BALTZINGER. La remercier dans ce rapport annuel semblera tenir désormais de la rengaine ; qu’on ne s’y trompe pas cependant : il est précieux de pouvoir compter sur une collaboratrice à qui nos objectifs tiennent véritablement à cœur, et il est réjouissant de s’en convaincre au quotidien tout au long de l’année, même si l’on ne trouve pas toujours les mots nouveaux qu’il faudrait pour le dire.

Overheads

L’Université s’est trouvée dans la pénible situation de perdre des moyens qui lui servaient à verser des salaires à une partie de son personnel administratif (effets pervers de la chute des cours en bourse). Le moyen de pallier ce manque à gagner peut résider dans la facturation des coûts administratifs induits par des projets de recherches que financent des organismes extérieurs à l’Université. Cela s’appelle « overheads » et l’habitude en est bien prise dans toute une partie du monde. Comme tous ceux qui aident l’Université dans ses tâches, la Société académique de Genève a reçu de la part du recteur Maurice BOURQUIN une lettre l’informant qu’un prélèvement de 12% serait désormais effectué à titre d’ »overheads » sur toutes les sommes parvenant de l’extérieur du DIP sur des comptes de l’Université de Genève.

Une négociation fut alors entreprise entre votre président et le recteur, négociation au terme de laquelle nous sommes heureux de constater que les allocations provenant de la Société académique de Genève sont désormais classées dans la catégorie des « dons » et qu’à ce titre elles échappent totalement à toute forme de prélèvement destiné à couvrir des frais administratifs.

Visibilité

CREATE, c’est le nom très accrocheur que porte un enseignement destiné aux futurs entrepreneurs. Le mot « international » qui désigne cette discipline est d’ailleurs « entrepreneurship ». La Société académique a joint ses efforts avec ceux du Fonds Birkigt (qu’elle gère sans en être la détentrice) afin d’installer dans notre Faculté des sciences un enseignement déjà donné à l’EPFL, et cet effort fut l’un des plus importants de l’année. C’est un nouvel exemple d’ouverture vers d’autres institutions et vers de nouveaux programmes que l’on se plaît à signaler ici dans la ligne de ceux que nous avons déjà entrepris dans le cadre du « Centre lémanique d’éthique »[1].

Un seul autre exemple, de moindre amplitude pour ce qui est des sommes engagées mais d’amplitude immense pour les enjeux : nous avons contribué à l’équipement du nouveau centre de l’Observatoire où l’on analyse les données en provenance du satellite « Integral », un satellite parti de Baïkonour en octobre dernier et qui nous renseigne sur les objets les plus inaccessibles de notre univers.

Dans un cas comme dans l’autre, nous sommes les partenaires d’événements particulièrement « visibles », et l’on se souvient que c’est une orientation délibérément choisie pour une partie de nos activités.

Cependant, le pain quotidien du comité, c’est l’examen minutieux de requêtes portant souvent sur de petites sommes, requêtes dont l’importance tient à l’enjeu de recherche qu’elles véhiculent. En relisant dans ce rapport le détail des allocations, lecture austère voire rébarbative, on peut se livrer à un petit effort d’imagination et tenter de songer à ce que recouvrent ces rubriques et ces données comptables : on pourra voir alors, comme chaque année, se déployer une cohorte de chercheurs ardemment engagés dans la poursuite de leurs objectifs, on verra la diversité et la richesse de ce qui peut être obtenu parfois avec l’adjonction de moyens modestes. Par l’une de ces rubriques, nous pouvons, comme ce fut déjà le cas, être un jour à nouveau associés à une grande découverte, à une carrière utile. C’est là l’espoir qui continue de nous animer, comme il animait nos prédécesseurs.

 

André Hurst

Président

 

[1] Voir le 113ème rapport (2000-2001), p.10