Rapport annuel de la présidence 2002-2003

La Société académique de Genève, une solide santé

 

Ces quelques lignes très imagées, trouvées par votre nouveau président dans les archives quelque peu poussiéreuses de la Société académique de Genève, constituent le début du rapport de l’exercice 1903-1904, rédigé par le président de l’époque, Henry Fatio, grand-oncle de Jean-Louis Fatio, membre de notre comité et président du Fonds Marc Birkigt. Quel plaisir de constater que cette « jeune personne tout à fait intéressante » attire de plus en plus les regards cent ans plus tard et qu’elle est devenue une vieille dame en excellente santé, pleine de vigueur et d’enthousiasme, toujours lucide et dynamique ! Elle fut pourtant, comme tout le monde, légèrement affaiblie par les aléas de la bourse mais elle a bon espoir de s’en remettre le plus rapidement possible. Notre trésorier vous en parlera plus loin.

Cette situation financière délicate n’a pas empêché la Société académique de distribuer, lors de son dernier exercice, plus de CHF 800.000, somme correspondant à 110 requêtes honorées, dont la répartition peut se résumer de la manière suivante :

  • 53   participations à des congrès ou voyages d’étude
  • 11   achats d’appareils scientifiques
  • 12   contributions à des frais d’impression (thèses, livres, actes de congrès, etc..)
  • 34  subsides divers, destinés à l’organisation de colloques, de cours, du Forum de l’Université ou à des attributions de bourses

Vous pourrez parcourir, si vous en avez le désir et l’énergie, la liste exhaustive des requêtes qui ont fait l’objet d’une réponse positive. Cet examen aura le mérite de montrer notre volonté de continuer à soutenir toutes les disciplines, les petits projets (voyages, bourses) comme les grands, tels celui du Forum de l’Université. Toutefois ce rapport ne mentionne pas les demandes qui, après examen minutieux, ont été refusées par les membres du Comité. Elles sont pourtant nombreuses. Dans le souci de n’encourager que l’excellence, un ensemble de critères sont à considérer, en plus de l’intérêt du projet lui-même. Citons à cet égard la participation financière de l’unité dont émane la requête, les retombées pour l’Université, voire pour la Cité, l’état d’avancement des travaux, la qualité des lettres de recommandation etc. L’important travail d’examen et de réflexion réalisé par chaque examinateur de requêtes, puis par l’ensemble du Comité, assure donc une sélection ni toujours facile ni évidente, donc une entrée en matière pour les projets de qualité. Cette ligne de conduite ne s’écarte certainement pas de celle imaginée et souhaitée par nos prédécesseurs, depuis ce 16 mai 1888, date de la fondation de la Société académique. Enfin précisons, si nécessaire, que ce respect du passé n’est pas du tout un carcan qui nous enferme dans la seule tradition et nous inhibe pour créer du nouveau. S’il se révélait un jour qu’un écart à la règle et aux traditions serait bénéfique pour nos chercheurs, nos enseignants et l’ensemble de l’Université, nous saurions interpréter le règlement, modifier les statuts ou nous en écarter quelque peu.

Dans le but de faciliter l’examen des requêtes et d’assurer une certaine égalité de traitement, un petit groupe de travail issu du Comité rédige en ce moment un recueil de directives non contraignantes, qui aidera à la décision, tout en assurant à chacun une liberté de jugement. Ce guide sera appliqué dès son acceptation par le Comité, soit au premier semestre 2004.

Forum de l’Université

Difficile de résumer en quelques lignes la première année de cette seconde phase du Forum de l’Université, placé depuis 2002 sous l’égide de la Faculté de médecine et dont le thème est « Santé et droits de l’homme » ! En effet, le programme, mené tambour battant par le professeur Alexandre Mauron et le Docteur Philippe Chastonay et leur équipe, est très vaste et fort diversifié. Plusieurs personnalités de renom, dans le cadre de conférences, de colloques ou de tables rondes publiques, ont témoigné de leur expérience dans les domaines concernés. Parmi les thèmes choisis et sans être exhaustif, on peut citer les colloques ou conférences « Don du sang et droits humains », « Santé et migration : médicalisation et enjeux éthiques », « Le droit à l’eau » ou encore « VIH/Sida et accès aux médicaments », cette dernière manifestation ayant attiré plus de 400 participants. Les principales conférences font ou feront l’objet de publications dans Médecine & Hygiène, dans les Cahiers Médicaux-Sociaux ou encore en transcription sur le site Web des conférences (www.dhsante.org). Le Forum de l’Université a également permis, depuis le printemps 2003, l’introduction de divers enseignements, confiés à des spécialistes de formations très diverses, médecins, politologues, juristes, sociologues ou autres encore.

Sans vouloir déflorer le programme de la deuxième année, on peut d’ores et déjà vous assurer de sa richesse et de l’ouverture de son développement, dans le domaine de la recherche et de l’enseignement et de la communication. Toute notre reconnaissance s’adresse à la très dynamique équipe responsable, ainsi qu’au comité de pilotage présidé par le professeur Jean-Michel Dayer.

Enfin, comme souvent…ou comme toujours, on pourrait souhaiter une participation accrue du public à l’ensemble de ces rencontres, même si l’on est bien conscient que l’offre est généreuse pour qui cherche à occuper intelligemment ses soirées. Merci à tous les membres de la Société académique de parler du Forum… et d’y  participer le plus souvent possible !

Réunions de l’AGFA

L’Association Genevoise de Fondations Académiques, à laquelle appartient notre Société, a tenu ses 23e et 24e réunions, respectivement le 21 mars et le 29 octobre 2003. A son grand regret et par un malheureux concours de circonstances, votre président n’a pas pu y assister mais retire de la lecture des procès-verbaux un des points les plus substantiels de ces réunions, à savoir le projet d’une vaste Table ronde ayant pour titre « Pour encourager la recherche et la relève dans nos hautes écoles : des mesures fiscales incitatives ». Le principal animateur de ces discussions est Me Xavier Oberson, que nous avons déjà eu l’occasion d’entendre lors de la réunion, à Genève, des Sociétés académiques de Suisse.

Renouvellement du Comité

Notre collègue et ami Alain Dufour, membre du Comité depuis de nombreuses années, nous a fait part de son désir de quitter ses fonctions à la Société académique. C’est donc avec un grand regret que nous avons enregistré et accepté sa démission. Le départ d’Alain Dufour laissera un grand vide autour de la table de nos réunions. C’était en effet un vrai moment de bonheur d’entendre ce grand érudit nous communiquer ses rapports et le fruit de ses méditations pour chaque requête dont il avait la charge, après examen approfondi de documents divers ou textes fort savants. Son langage châtié n’était pas dépourvu d’un léger humour subtile, au moment d’annoncer sa décision et celle de sa commission, à savoir son accord…ou le couperet. Cet historien au vaste savoir nous a largement fait profiter de ses connaissances du métier d’éditeur, qu’il exerça avec passion en président aux destinées des éditions Droz, qui publient essentiellement des livres d’érudition, donc très liées à l’Université, les bibliothèques étant ses principaux clients. Nul n’était donc mieux placé qu’Alain Dufour pour examiner les requêtes concernant des demandes de subsides pour des publications de textes savants. Nous lui exprimons donc tous nos regrets de le voir partir mais surtout nos chaleureux remerciements et notre reconnaissance pour tout ce qu’il a apporté à la Société académique de Genève.

Nous soumettrons donc à vos suffrages, lors de l’Assemblée générale du 12 février 2004, le nom de son remplaçant, de même que ceux des membres du Comité qui acceptent le renouvellement de leur mandat pour deux ans. Il s’agit de Mesdames Monique Caillat, Nicole Fatio et Patrizia Lombardo, ainsi que de Messieurs Jean-Louis Fatio, Renaud Gagnebin, Ferdinand Naef et Frédéric Naville.

Merci à tous !

C’est le moment, avant de clore ce rapport d’activité, de remercier toutes les personnes du Comité, qui s’acquittent avec enthousiasme de leur mission première, soit  l’examen des requêtes, mais aussi qui participent activement, par leurs réflexions et leurs suggestions pertinentes, à améliorer l’efficacité de notre Société. Ces remerciements s’adressent également à tous les membres qui, année après année, soutiennent nos efforts et manifestent leur intérêt pour l’Université de Genève. Pourtant, les nouveaux candidats ne se bousculent pas au portillon ! Nous souhaiterions en effet en voir la liste s’allonger de manière plus spectaculaire. Dans cette optique, une petite campagne de relance sera organisée au début de l’année à venir auprès de toutes les facultés. Nous profiterons d’un même courrier pour rappeler l’existence de La Linnaea, notre joyau de Bourg-Saint-Pierre, et tout ce qu’elle peut offrir au monde universitaire. Parlez autour de vous de notre Société, de notre Jardin Alpin, de nos activités, vous nous aiderez à recruter de nouveaux membres ! C’est ici l’occasion de rappeler le site Internet de la Société académique de Genève, qui permet à chacun de mieux connaître notre mission et nos activités :

 

http://societe.academique.unige.ch

Lors de mon bref message de février 2003, j’ai souhaité à mon prédécesseur de profiter des loisirs que lui laisserait l’abandon de la présidence, en s’adonnant aux joies de la musique ou des courses de montagne. A cet instant, André Hurst devait s’assoupir ou ne pas m’écouter puisqu’en fait de loisirs, il est devenu le nouveau recteur de notre Université, accédant ainsi à la plus honorifique, mais surtout à la plus écrasante des charges du monde universitaire. Qu’il en soit chaleureusement félicité, même plusieurs mois après sa brillante nomination. Votre serviteur n’ayant pas eu le courage de parcourir les listes des comités précédents, il ne peut assurer q’il s’agisse d’une première, mais ce qui est sûr, c’est que le groupe actuel compte un recteur parmi ses membres ! Merci, André, d’avoir accepté de continuer à œuvrer parmi nous malgré ce qui est un euphémisme d’appeler tes lourdes charges !

Enfin, comme chaque année, notre reconnaissance s’adresse à notre très efficace et active secrétaire et administratrice. Que serait la marche de notre Société sans elle ? Sa capacité de travail et sa mémoire lui permettent de tout connaître, de gérer l’ensemble de nos travaux, de rédiger dans les temps procès verbaux ou réponses aux requérants, mais aussi de rappeler à l’ordre chacun de nous sans ménagement, avec autorité et énergie, tout en gardant le sourire. Pour l’encourager à poursuivre sa tâche avec le même enthousiasme, rappelons-lui qu’après 116 ans, elle succède, après beaucoup d’autres, au premier secrétaire de notre Société… Gaspard Valette ! Un jour peut-être, nos descendants se promèneront-ils à l’ombre des micocouliers ou des ginkgos biloba… de la rue Caroline Baltzinger !

Pour terminer ce message traditionnel, souhaitons que le prochain exercice se déroule dans un climat politique, social et économique permettant à la Société académique de travailler dans les meilleures conditions et de répondre positivement et largement au plus grand nombre de requêtes, mais comme toujours dans la mesure de leur excellence. Continuons à œuvrer dans la voie esquissée par les fondateurs de la Société et dans le respect des intentions des donateurs, sans toutefois que l’application de ces principes étouffe notre dynamisme et notre imagination !

Pierre Buri

Président