Rapport annuel de la présidence 1973-1974

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Avant de vous rendre compte de l’activité de notre société au cours du dernier exercice, je tiens à rappeler le souvenir de ceux de nos membres qui sont décédés depuis la dernière Assemblée générale. Ce sont : Mmes André Aubert, Paul Aubert, Charles Gautier et Charles Bally, MM. Roger Brun, Tomaso R. Castiglione, Fernand Chodat, Pierre Cuendet, Robert Fatio, Charles Gautier, Max Hinder, Josef Jauch, Pierre Jeandin, François Juge, Henri-John Oltramare, Marcel Perret et Paul Trembley.

Permettez-moi de souligner le tout récent décès de M. Charles Gautier, qui a été trésorier de notre société de 1929 à 1947 et s’est dévoué sars compter à sa tâche. En particulier, M. Gautier a pris une part très active à la grande collecte organisée en 1929 et 1930 pour réunir les fonds nécessaires à la création du Fonds pour l’Université qui a servi à la rénovation des locaux de la Bibliothèque publique et universitaire, à la création de salles de séminaire, de la Bibliothèque de la Faculté de Droit et de la Faculté des Sciences économiques et sociales. J’exprime aux enfants et petits-enfants de M. Charles Gautier notre très vive sympathie.

Mme Charles Bally, qui avait déjà fait don de sa propriété à notre société en 1962, a encore institué notre société pour sa légataire universelle en souvenir du Professeur Charles Bally, lui-même décédé en 194’7. Cette dernière volonté à laquelle nous rendons hommage – nous permettra de distribuer chaque année, conformément aux vœux de la testatrice, un prix « Charles Bally » destiné à récompenser un travail en linguistique, philologie classique, philologie romane ou en stylistique, le cas échéant une  » Bourse Charles Bally  » destinée à un étudiant poursuivant des études supérieures dans les mêmes disciplines, et enfin si cela est possible, un  » Fonds Charles Bally pour la Faculté des Lettres « .

Nous avons également reçu le legs que nous a consenti M. Léopold Gautier, décédé au milieu de l’année 1973, et nous en remercions sa famille.

De leur côté, M. et Mme Fernand Dumahu nous ont permis de créer un nouveau fonds médical qu’ils se proposent de soutenir encore à l’avenir. Nous les remercions ce soir très sincèrement de leur générosité.

Nous avons encore reçu un don de Fr. 20’000.- de M. Gérard Maurice, destiné à compléter l’action de nos fonds de médecine. A lui également va toute notre gratitude.

Enfin récemment, un dernier don anonyme important, sans affectation spéciale, nous est échu, qui nous permettra d’augmenter sensiblement les prestations du Fonds ordinaire.

L’ensemble de ces libéralités confirme que, malgré la crise qu’a traversée l’Université, malgré aussi l’incertitude des temps présents et surtout de l’avenir, il existe toujours des esprits généreux convaincus de la nécessité de soutenir la vocation et le développement de notre Haute Ecole, en nous confiant l’exécution de leurs volontés.

Malgré les difficultés actuelles, notre société a pu allouer Fr. 265’000.- pendant le dernier exercice, soit environ Fr. 11’000.- seulement de moins que l’année précédente.

Le détail de nos subventions figure sur la brochure imprimée de ce rapport.

A ces allocations s’ajoutent encore les quatre pris de Fr. 1’250.- chacun décernés par le Fonds Gillet Voyages aux lauréats suivants, sortis premiers aux examens de maturité : M. Michel Aberson en section classique ; Mlle Evelyne Gaudin en section latine ; M. Bernhard Leuteneger en section scientifique ; et Mlle Karen Schoeb en section moderne.

Il y a une année, j’attirais votre attention sur la situation préoccupante du rectorat dont l’effectif insuffisant exigeait des efforts surhumains du Recteur et du seul Vice-Recteur alors en fonctions. A la suite de l’entrée en vigueur du Règlement d’application provisoire de la Loi sur l’Université, un second Vice-Recteur a été désigné en la personne du Professeur Ronald Chessex. Toutefois, l’ampleur des tâches conférées au Rectorat demande que la désignation du troisième Vice-Recteur intervienne dans les plus brefs délais.

Le 9 juillet 1974 a paru une nouvelle ordonnance fédérale limitant le nombre d’étrangers pouvant exercer une activité lucrative, qui a immédiatement suscité de graves préoccupations aux autorités universitaires genevoises et

confédérées, car elle consacre l’abandon des dérogations accordées jusqu’ici aux institutions d’enseignement. Les nouvelles restrictions – si elles sont appliquées à la lettre – mettent en danger lç mécanisme fréquent et indispensable

à notre époque, de l’échange de professeurs et de chercheurs entre les universités suisses et étrangères. En effet, un des éléments importants de la vie de nos universités est la mobilité géographique plus grande d’enseignants et de chercheurs que ce n’est le cas pour la population en général. Enfin, il ne faut pas oublier que le système d’échange, tel qu’il est pratiqué actuellement dans ce domaine, sur une large échelle, repose sur le principe de la réciprocité entre nations. Si l’on stoppe brutalement l’engagement par nos universités des enseignants et des savants étrangers qui leur sont indispensables, il en résultera nécessairement des mesures de raidissement à l’égard de ceux de nos universitaires qui ont pu, jusqu’à présent, développer leurs connaissances dans de nombreux pays d’Europe et d’Amérique du Nord.

Il faut souhaiter qu’une solution puisse intervenir rapidement dans l’application des nouvelles dispositions, qui pourrait par exemple prévoir une catégorie d’autorisations de séjour de durée limitée et dans le but exclusif d’enseigner ou d’effectuer des recherches dans l’une de nos hautes écoles, système qui est déjà utilisé depuis des années dans plusieurs pays, en particulier aux USA.

Il n’y a heureusement pas que des ombres dans la vie de notre université, et l’ouverture récente d’une partie du bâtiment d’Uni II est là pour nous le rappeler. Cette réalisation, dont il faut remercier ici nos autorités et la population tout entière, permettra une redistribution de locaux et une réorganisation administrative qui résoudra un certain nombre de problèmes devenus aigus ces dernières années.

Parvenu à la fin de ce rapport et de mon mandat, je tiens à remercier chaleureusement mes collègues du Comité ainsi que le Secrétaire général de l’Université et le Directeur administratif de leur collaboration efficace au cours de ces trois dernières années.

 

Philibert Lacroix, président