Rapport annuel de la présidence 2003-2004

Un bain de jouvence

Dans son introduction, le précédent rapport mentionnait avec plaisir et fierté la solide santé de cette vieille dame qui a pour nom Société académique de Genève ! Le bulletin médical de cet exercice 2003-2004 est tout aussi rassurant, d’autant plus que les derniers résultats de gestion, en dépit d’une année irrégulière et très capricieuse, sont fort honorables, comme vous pouvez le lire dans le rapport du trésorier. Pourtant, malgré ces bonnes nouvelles, votre Comité a offert à la Société académique un bain de jouvence, principalement destiné à rationaliser la réception des requêtes, leur examen par les experts et la discussion au cours de nos réunions. Il s’agit d’un programme mis en place par Frédéric Naville, membre du Comité, qui le décrit ci-dessous:

« La Société académique, dans le dessein d’améliorer le traitement et le suivi des nombreux dossiers qui lui sont soumis, a fait développer un petit programme de gestion des requêtes. Désormais, toute demande qui parvient à la Société est saisie dans l’ordinateur et son parcours auprès des différents rapporteurs peut être aisément suivi, jusqu’à la décision finale. Au-delà de cet avantage, ce logiciel de gestion permet, mieux que la mémoire humaine ou la tenue de fiches manuscrites, de savoir immédiatement si le requérant a déjà fait appel à nos fonds, quand et pour quoi. Il facilite également la production de nos statistiques, par fonds, par sujet, par département, etc. Pour l’instant, le Comité a préféré limiter les demandes en développement au strict nécessaire et faire évoluer le produit en fonction de l’évolution de nos besoins; des modules supplémentaires pourront en tout temps être ajoutés pour améliorer les fonctionnalités ou les possibilités de gestion. Un gros travail est actuellement en cours pour saisir les dossiers soumis ces dernières années en vue de disposer rapidement des avantages d’un historique. La Société académique espère ainsi pouvoir améliorer son fonctionnement, la qualité de ses décisions et faciliter le travail de son secrétariat ».

Le site informatique de la Société a également fait l’objet d’une mise à jour, d’adjonctions et de nouvelles informations plus précises à l’usage des futurs requérants. Enfin un nouveau formulaire, disponible sur ce même site, sera à remplir obligatoirement et intégralement pour toute demande, les données recueillies situant clairement le candidat et les conditions de sa requête.

Ces quelques mesures permettront de raccourcir les discussions souvent fort longues lors de l’examen des demandes, d’autant plus qu’elles ont déjà fait, dans de nombreux cas, l’objet d’une évaluation dans les commissions. Nous pourrons ainsi consacrer plus de temps à l’élaboration de nouveaux projets et adapter la mission de la Société académique à l’évolution de l’Université, de la recherche et de l’enseignement.

Autre nouvelle réjouissante, déjà mentionnée oralement lors de l’Assemblée générale de février 2004, celle de la création du nouveau Fonds Histoire et Philosophie des Sciences.  Il est constitué de la très généreuse donation initiale de CHF 250’000.- faite à la Société académique par le physicien Jean-Michel Pictet, à qui nous adressons tous nos chaleureux remerciements et notre profonde gratitude. Ce fonds est destiné à favoriser, au moyen d’une aide financière, le développement de la recherche en histoire et philosophie des sciences à Genève. Le rendement de ce fonds doit venir en aide à de jeunes doctorants ou diplômants de l’Université de Genève dans l’accomplissement de leurs travaux dans ce domaine.

Respectant la tradition, les experts ont accordé des subsides à toutes les facultés, pour les petits projets comme pour les grands, répondant positivement à 131 requêtes, soit une vingtaine de plus que l’année précédente pour une somme totale distribuée semblable. La distribution entre la médecine, les sciences de l’homme et de la société et les sciences exactes et naturelles correspond approximativement à 40% pour la médecine, les deux autres entités se partageant le reste à parts égales ou presque. Il n’y a pas de règles absolues de partage. La répartition dépend du nombre et de la qualité des demandes et tient compte du fait que toutes les facultés n’ont pas le même éventail de ressources financières. La notion d’excellence demeure un critère toujours présent dans toute discussion ou évaluation.

Une campagne de relance auprès de tous les enseignants de l’Université pour les inciter à devenir membres de la Société académique de Genève et/ou parrains de la Linnaea, ce qui représente 636 lettres signées à la main (!) par les deux présidents, a porté ses fruits, soit respectivement 47 nouveaux membres et 19 nouveaux parrains !

Forum de l’Université

Le programme de cette deuxième année, consacré au thème « Santé, droits humains et nouvelles insécurités », fut à nouveau très riche et varié, comprenant conférences, colloques, films, rédactions de thèses ou de publications et beaucoup d’enseignement. Parmi les grands événements de cette année, citons, lors d’une soirée consacrée aux OGM, la conférence du professeur André Langaney, « Je n’ai pas peur de la génétique » et le film de Sophie Lepault « Et si José Bové avait tort ? », suivis d’une chaude discussion animée par Bertrand Kiefer, modérateur. Autre conférence importante, celle de Jean-François Narbonne, professeur de toxicologie à l’Université de Bordeaux, avec un titre accrocheur: « Toxiques Affaires: des polluants chimiques dans notre assiette ». Une analyse des taux de fréquentation a montré une augmentation des participants par rapport à l’année précédente, preuve que le Forum se construit peu à peu son public. Un effort particulier est cependant demandé aux responsables pour la publicité et la communication afin d’ouvrir davantage encore ces manifestations à la Cité. Toutefois, les conférences ne représentent que la pointe visible de l’iceberg. En effet, la part de l’enseignement est considérable, tant dans le cadre du diplôme de santé publique de l’Université que dans celui du certificat de Santé communautaire ou encore de l’Unité Immersion en communauté des études de médecine. Une vingtaine de travaux d’étudiants en médecine, toujours dans le cadre du Forum, sont disponibles à la Bibliothèque de la Faculté de médecine. L’idée d’associer le Forum de l’Université au Dies academicus semble prendre racine; un projet est déjà sous toit pour 2005 après le succès de 2004.

La troisième année de ce deuxième cycle, consacrée à « Santé, droits de l’homme et violences politiques » a débuté avec une conférence fort remarquée de
Jean-Christophe Rufin, médecin et écrivain: « Santé et violences politiques. L’aide humanitaire, un instrument au service de l’état ? ».

Enfin, annonçons d’emblée qu’après de longues et fructueuses discussions, le Comité a décidé, avec une stimulante unanimité, de poursuivre l’idée du Forum de l’Université en 2005-2006 avec un nouveau thème, qui fait encore l’objet de discussions, mais la pérennité est heureusement assurée !

Que ce rapport très résumé soit l’occasion d’exprimer toute notre reconnaissance à l’équipe du professeur Alexandre Mauron, et en particulier au Dr Philippe Chastonay, qui a organisé et dirigé les travaux de ces deux années avec une rare énergie, beaucoup d’imagination et une grande efficacité. Qu’il en soit vivement remercié, d’autant plus qu’il a accepté avec plaisir et enthousiasme d’assumer cette lourde charge pour une troisième année.

Réunion de l’AGFA

Annoncée dans le dernier bulletin de la Société académique, la Table ronde « Pour encourager la recherche et la relève de nos Hautes Ecoles: des mesures fiscales incitatives » s‘est déroulée le 27 février 2004, sous la présidence de M Metin Arditi, président de l’Association Genevoise de Fondations Académiques. Cette journée de discussions et de réflexions a réuni à la Fondation Louis-Jeantet 18 personnalités du monde politique, économique et universitaire, en présence de représentants de la presse helvétique. Un procès-verbal très détaillé rapporte les propos de cette importante rencontre; il est disponible pour consultation à notre secrétariat. Nous espérons vivement de cette réunion des retombées positives pour l’ensemble de nos Associations.

Renouvellement du comité

Lors de l’Assemblée générale du 12 février 2004, nous avons pris congé avec regret et émotion de notre membre et ami Alain Dufour et élu pour le remplacer le
Dr Bertrand Kiefer. Prenant ici acte de son élection, nous l’avons accueilli avec un grand plaisir, reconnaissants qu’il ait accepté cette nouvelle tâche, malgré ses très nombreuses fonctions, dont sa participation au Conseil de l’Université. Avec un diplôme de médecin, une licence en théologie et une vaste expérience, tant dans le domaine de la recherche médicale, de la philosophie des sciences ou de la bioéthique que dans la pratique médicale en brousse au Burundi ou à Genève comme médecin assistant en psychiatrie, la formation pluridisciplinaire de Bertrand Kiefer apportera beaucoup à nos discussions et à la réalisation des projets de la Société. De plus, une formation de journaliste ainsi que son poste actuel de rédacteur en chef de « Médecine et Hygiène » constituent encore un atout de plus pour succéder à l’éditeur
Alain Dufour.

Les membres du Comité étant élus pour des mandats renouvelables de deux ans, les noms suivants sont soumis à votre approbation pour un nouveau mandat:
Bertrand Cramer, Jean-Michel Dayer, André Hurst, Jacques Naef … et celui de votre serviteur.

Remerciements

Il est digne de Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice, ou plutôt de ses soldats pour rétablir la vérité historique, de répéter que la bonne marche de la Société académique n’est possible que grâce à la participation, à la volonté et à l’effort de tous les membres du Comité. Ce n’est pas une mince tâche de participer à toutes les séances annuelles, à de nombreuses réunions de commissions ou de réflexion, d’étudier attentivement près de 200 requêtes et de suggérer du nouveau pour ne pas s’endormir dans un doux ronron lénifiant. Que tous soient donc remerciés très chaleureusement de leur engagement au sein du Comité, leur efficacité, leur confiance et leur amitié. Notre reconnaissance traditionnelle s’adresse particulièrement à notre sémillante et très active secrétaire, Madame Caroline Baltzinger, sans laquelle la tâche de tous serait plus difficile, les rendez-vous souvent oubliés, les rapports toujours en retard, les archives dans un joyeux désordre.

Enfin, la vitalité de la Société académique ne se manifeste pas seulement par une quantité élevée de requêtes et par l’activité de son Comité, elle a également besoin d’un nombre sans cesse croissant de membres et de leur participation à l’Assemblée générale, ainsi qu’aux différentes rencontres ou conférences organisées dans le cadre du Forum. Nous serions très encouragés de vous voir plus nombreux à ces manifestations… et vous ne regretterez certainement pas d’avoir répondu présent à nos invitations ! Merci donc de votre présence et de votre soutien ! Plagiant mon prédécesseur … de 1888, le Dr Charles Borgeaud, je répéterai donc que « grâce à vous, la Société académique de Genève existe » ou plutôt continue d’exister !

Pierre Buri, Président